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MA NUIT DÉNUITÉE
Tu es ma nuit ; cette nuit blanche qui pose ses réverbères de
questions aux réponses bancales, aux courts métrages de
l’insoutenable lenteur du propos imagé dans son impalpable
eau obscure dépossédée du réel et qui permet de revivre
chaque instant jamais à l’identique et frustré trop souvent de
n’être qu’une bouchée sans saveur, odeur, une pensée
démoniaque qui hante les nuits plus que d’autres jusqu’au
passage du matin adorateur d’un sablier de rêves…
Tu es ma nuit ; nuit découpée en heure du réveil moiteur des
yeux et blancheur du gladiateur cauchemar…
Tu es ma nuit ; ma seule nuit blême de toi à moi les yeux dans
les yeux, on s’absorbe mutuellement, tu me domines et libères
ta solitude, dépouille des heures qui se traînent sur les lignes
des murs fantômes des rêves inachevés et des cauchemars en
devenir de trahir la vie aux peurs bleues de ce sang qui se
caille entre deux artères de paradis au carrefour de l’enfer
d’un sas lumière rouge action…
Tu es ma nuit ; nuit virginale de froid au débit d’une chaleur
givrée, je te congédie… et puis tu reviens…
Tu es ma nuit ; cette nuit sans filet éclaire le vide de mon
existence d’une comédie draps blancs de ton œil retourné tu
roidis mes membres du zénith au nadir tu psalmodies entre tes
dents de carnassière tu ronges mes ombres et éventres le
tragique des heures qui agonisent entre mes sueurs tu grandis
en moi tu enracines ton incendie de nuit et mes yeux
pleurent… il est déjà matin avant l’heure et le coq s’impose
prédit une belle journée…