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chanteur, tout simplement. Je dépose mon infortuné fardeau
sur un sable dont je ne peux définir la couleur. J’ai comme un
peu chaud même par ce frais matin et je passe ma manche sur
ma bouche et accroche ma lèvre supérieure avec un bouton de
manchette. Un peu de sang coule et une ombre s’approche et
s’accroche à la mienne. Je ne peux résister à me débattre.
— Mais que faites-vous, dis-je à l’ombre
— Tu n’aurais pas dû faire couler du sang frais. Tu vas souffrir
un seul moment et puis tu deviendras un autre homme…
— Mais je ne veux pas…
— Trop tard…
En effet, j’ai ressenti comme un mouvement de vague… le
reflux d’une mer. Je venais de perdre mon ombre et je suis à
présent un homme… invisible… parmi tant d’autres…