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ÉCHO DE NOUS

             Pour la première fois je pénètre un lieu sacré avec légèreté :
             une   chapelle.   Et   quelle   chapelle !   Entourée   d’un   bois   bien
             boisé comme un vêtement de belle lady il ne manque que le
             cierge de bonnes mœurs pour raviver ce lieu dont le pèlerin a
             oublié jusqu’à l’Ondine de l’eau bénite.

             Tu es là Mon A assise sur ce banc, robe fourreau à l’encolure
             triangle, coutures à la viennoise, manches courtes et bottines
             demi-haute   noires   à   lacets,   le   tout   en   bas   résilles   genre
             impulsions.

             Notre énième rencontre (rendez-vous fait dentiste ou coiffeur),
             nos   sens   à   l’unisson,   nos   échanges   entre   tes   lèvres
             horizontales et verticales je bande mes mots dans ta bouche et
             te phallus en tes profondeurs, et l’émotion déborde comme le
             lait sur le feu, nous sommes braises acteurs et spectateurs de
             notre devenir.

             Je m’assieds prêt de toi. La vierge à ma gauche, saint maxime
             à ma droite, en face un vitrail, le christ en tenu de travail (sur
             la croix) et sainte marie-madeleine au parloir.

             Main dans la main, nos iris entremêlés, nos souffles soumis,
             notre   envie   commune   en   litanie   enchaînée,   notre   parfum
             d’amour allégorie de nos ébats improvisés… au possible. Pas
             de messe basse entre Nous. Nous sommes l’unité, la parfaite
             symbiose, le triangle équilatéral de l’Amour, je suis la racine
             qui brasse sa terre et tu es cette terre qui mouille toute la
             passion en ma racine de sève tu t’abreuves…

             L’autel   n’est   pas   loin.   J’entends   un   clapotis.   Nous   nous
             retournons   d’un   seul…   mouvement.   Est-ce   un   voyeur ?   Un
             oiseau indiscret ? Une eau qui suinte de l’au-delà entre les clés
             et le gothique de la structure ? Le tuffeau flétri de mauvais
             temps, de langueur hivernale, d’attentes moisissures… ?

             Qu’importe,   nous   prenons   acte   et   portons   nos   corps   vers
             l’autel. J’enlève ma veste « solide à l’usage, le tissu composé
             de pure laine vierge de polyester et d’élasthanne », et pose ce
             vêtement confort sur le marbre. Tu hésites. Tu préfères que je
             te retrousse sur le banc et me voilà à te lustrer…
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