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UN DERNIER ESPOIR… PEUT-ÊTRE
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Je ne crains
rien, je suis dans un cahot de la Bastille. Seul. Enfin, non. J’ai
des compagnons un rat et quelques os. Je suis bien installé. Ce
n’est pas le Pérou, ni l’Eldorado (pour celles et ceux qui
connaissent).
Mon geôlier ne fait pas grève. Et oui, s’il veut me garder en
vie. Mais pourquoi d’ailleurs ? J’ai longuement réfléchi et puis
j’ai stoppé le « branchage » des questionnements qui
transformait mon quotidien en un aspect touffu et brouillon à
toutes mes réflexions. J’y ai mis le feu intérieurement. Je veux
être libre… de l’intérieur si je ne peux de cette vie profiter de
la liberté extérieure avec des contraintes encore plus nuisibles
que saines… sûrement.
Ainsi je me suis fabriqué un monde à moi avec une très haute
montagne de… livres et des crayons suspendus comme des
étoiles dans un ciel turquoise, un bon fauteuil, une literie de
bonne qualité, un logis tiède et agréable…
Voilà qu’il m’arrive que ma pâmoison se déclare une nouvelle
fois. Quelle idée ! Quelle idée de me transmettre tel confort
dans ma tête, alors que je végète en ascète contre mon gré,
moi le bon vivant. Je rage mais l’âge ne fait que grincer mes
rhumatismes et quelques larmes.
Je n’ai plus de capharnaüm comme autrefois. Mon mobilier
présent : une chaise de paille moisie, une petite table mitée, un
lit de fer et paille humide, un sceau à besoins en bois, et
quelques vieux journaux pour me torcher le nez, les fesses…
Tiens ! Je lis à la lumière blafarde continuellement présente
que le solstice d’été est dans une semaine.
Mais suis-je encore candide pour croire encore que je reverrai
la vraie lumière.
Aujourd’hui, pourtant, je fais missionner mon rat d’un
message, enroulé autour de son petit cou et je précise que ce
cachot, où je suis actuellement, est de l’ancienne Bastille, là en
dessous de Paris, à l’emplacement de la Tour de la… Liberté.