Page 39 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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Toutefois, ceux qui avaient déserté l'année française
et rallié l'ALN en toute loyauté, comme le commandant
Abderrahmane Bensalem qui avait rejoint Wle unité
combattante à Souk Ahrass, n'ont jamais été inquiétés. Ce
fut également le cas de l'aspirant Maillot, officier français
mort au combat en martyr de la cause algérienne, ainsi que
des nombreux militants français, tels Maurice Audin, mort
sous la torture, Henri AlIeg, Jacqueline Guerroudj, et tant
d'autres qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour l'in-
dépendance de l' Algérie.
Ces déserteurs très spéciaux, en revanche, n'ont
jamais inspiré confiance autour d'eux. Ils étaient suspects.
Même après leur intégration dans l'ALN, leurs tentatives
de rejoindre les unités de l'intérieur ont provoqué l'insu-
bordination des maquisards qui voyaient en eux des
traîtres. Beaucoup d'entre eux, à l'instar de Mohammed
Boutella, alors lieutenant, ont été arrêtés, battus et humiliés
par les maquisards. Lorsque l'un d'eux était giflé en public
par un membre de l'état-major, les djounoud (<< soldats »)
se réjouissaient de l'affront subi par cet ancien de l'année
française. Aucun d'entre eux n'a pris part aux combats
contre l'année coloniale. Ils étaient confmés à des tâches
administratives ou d'instruction. Larbi Belkheir, sous-lieu-
tenant très contesté au centre d'instruction de Oued Melliz,
a beaucoup souffert des vexations des djounoud de
l' ALN.
Leur objectif était de prendre en main le commande-
ment de l' ALN au lendemain de l'indépendance de l'Algé-
rie, en exploitant les divergences entre le GPRA
(Gouvernement provisoire de la République algérienne) et
l'état-major de l'armée.
Cette ambition s'est manifestée très tôt, lors d'une
réunion tenue en 1959 entre des officiers de l' ALN et un
groupe des transfuges de l'armée coloniale, dont faisaient