Page 44 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
En apparence, les officiers venus du maquis prennent
des postes importants. Ils sont nommés chefs des régions
militaires, des secteurs militaires et des unités de combat.
Mais, dans chaque région, ils auront un transfuge comme
chef d'état-major. La logistique, qui conditioone tous les
mouvements de troupe, est entre les mains d'hommes sûrs,
qui ne demandent qu'à faire preuve d'une fidélité aveugle,
pour peu qu'on fenne aussi les yeux sur leur passé.
C'est ainsi que la rébellion du jeune colonel Chabani
est neutralisée en 1964, de même que la tentative de putsch
du colonel Tabar Z'biri en 1967. Celui-ci, alors chef
d'état-major, voulait protester contre la présence des « dé·
serteurs» de l'armée française aux postes de responsabi.
lité. L'avancée de ses troupes sera stoppée à Blida par les
Boutella, Zerguini, Bouzada et Midouni.
Ainsi, ce sont les transfuges de l'armée française qui
ont sauvé Houari Boumediene, président du Conseil de la
révolution, instance suprême mise en place au lendemain
du coup d'État du 19 juin 1965 qui a destitué Ahmed Ben
Bella.
Le nouvel homme fort du pays leur en sera reconnais-
sant. En réunissant l'ensemble des officiers au Club des
Pins, au début de l'année 1968, il met fin aux attaques
dont sont la cible les « déserteurs ». D'un ton sec, illanee
un sérieux avertissement aux anciens de l' ALN : « Doréna-
vant, celui qui osera parler des anciens de l'armée fran-
çaise, je lui mettrai un caillou dans sa bouche. » Ce qui,
dans le langage des natifs de l'Est algérien, est une menace
de mort sans équivoque.
Houari Boumediene, dont l'amour de la patrie et l'in-
tégrité ne peuvent être mis en doute, avait agi de cette
manière dans le seul but d'assurer à l'Algérie une stabilité
dont elle avait grandement besoin au lendemain de la
reconquête de son indépendance.