Page 45 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La décision de les maintenir au grade acquis dans
l'armée française sera, dès lors, levée. Ils vont, aussi, béné-
ficier de nouvelles promotions dans leurs fonctions. Ce
dont ils profiteront pour renforcer leurs positions. H5 facili-
teront l'intégration dans l'armée algérienne des retarda-
taires qui n'avaient pas déserté à temps. Le plus étonnant,
c'est que tous les déserteurs ont rejoint l'Armée nationale
populaire avec le grade d'officier (sous-lieutenant, lieute-
nant, capitaine). Certains ont attendu jusqu'en 1968 (1)
pour rejoindre l'ANP. J'ai connu l'un d'eux, le comman-
dant Bouras, qui pleurait toutes les lannes de son corps
quand il a été mis à la retraite, en 1984. Il expliquait son
arrivée « tardive» par les ordres que lui aurait donnés le
commandement de la révolution de ne pas quitter l'armée
française «pour les besoins de la cause». Il n'est pas le
seul à avoir tenté de se justifier ainsi.
Les transfuges vont renforcer leur pouvoir avec l'arri-
vée des anciens des SAS (Sections administratives spécia-
lisées) et des éléments de la « Force locale ».
Conçue par les autorités françaises, et constituée de
supplétifs de l'armée coloniale, celle-ci avait pour mission
de veiller sur l'application des accords de cessez-le-feu du
19 mars 1962. Rejetée par la partie algérienne, la « Force
locale» a été dissoute, mais certains de ses éléments ont
intégré l'ANP.
Comme si, dans l'année française. tous les Algériens
étaient officiers. N'y avait-il pas parmi eux un seul homme
de troupe, caporal ou sergent? Bizarre pour des hommes
dont le niveau d'instruction était à peine primaire.
Sachant que l' accès aux écoles d' officiers de l'armée
française n'est ouvert qu'aux bacheliers, j'ai du mal à ima-
giner qu'un homme comme le général-major Makhlouf
Dib, incapable de déchiffrer une note de service ou de
composer un numéro de téléphone jusqu'à la fin des