Page 49 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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trouvait des milliers d'Algériens pour y participer. En 14-
18, cent cinquante mille Algériens avaient pris part aux
combats. Ils seront deux cent cinquante mille sur les
champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale.
De tous les pays africains qui ont subi la domination
coloniale, l'Algérie est le seul à avoir livré une vraie
guerre à l'occupant en y sacrifiant le dixième de sa popula-
tion. L'indépendance de l'Algérie est l'œuvre de ces guer-
riers de l'Armée de libération nationale. Benboulaïd, Si
L' haoues, Si Lakhdar, Amirouche, Yazouren, Moh Oui
Hadj, Lotfi et tant d'autres sont de véritables légendes dans
toute l'Algérie.
C'est donc naturellement que l'Algérien a un pen-
chant prononcé pour tout ce qui symbolise la force, la puis-
sance et le courage qui caractérisent le guerrier. C'est
pourquoi, au lendemain de la reconquête de l'indépen·
dance, les maquisards ont été accueillis en héros.
Les célibataires, et ils étaient nombreux, se voyaient
proposer des mariages prestigieux par les familles les plus
aisées. Ceux qui étaient déjà mariés abandonnaient volon-
tiers la modeste épouse de leur jeunesse pour un parti plus
attractif qui leur permettait de grimper un ou deux bar-
reaux de l'échelle sociale. C'est ainsi que Chadli Ben Dje-
did a quitté sa première femme, une paysanne originaire
d'El Kala, pour épouser la surveillante générale d'un lycée
d'Oran, issue d' une famille bourgeoise de Mostaganem.
À vrai dire, ces femmes et leurs familles n'avaient
aucune culture bourgeoise. C'étaient des fortunées arri-
vistes, et surtout opportunistes. qui traînaient un sentiment
de culpabilité de n'avoir pas participé à la guerre de libéra-
tion et, pour certaines d'entre elles, d'avoir collaboré avec
les autorités coloniales. Leur alliance avec des anciens
maquisards leur offrait la possibilité de couvrir leur passé
et, pourquoi pas, de bénéficier d'une attestation de partici-