Page 42 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

     Cette promotion facHitait aux. « déserteurs» la possi-

bilité d'accéder à des postes à responsabilité dans l'armée
algérienne. Le général Khaled Nezzar, le seul de ces déser-

teurs à publier ses Mémoires et à évoquer son passé dans

l'année française, reconnaît avoir bénéficié de cette pro-
motion 1 et avoir fait une école de fonnation de sous-offi-
ciers, celle de Saint-Maixent. D'un niveau d'instruction
primaire, les Khaled Nezzar, Benabbes Gheziel et leurs
compagnons ne pouvaient accéder à Saint-Cyr ou d'autres
écoles d'officiers de l'armée française. Ils étaient tous ser-
gents ou caporaux.

      Les négociations de Melun, en 1960, et celles
d'Évian, en 1961 , entre le gouvernement français et le
Front de libération nationale s'accompagnent d'un flux de
ralliement de transfuges de l'armée coloniale. Le gouver-
nement français, sentant l'indépendance de Algérie très
proche, voulait se débarrasser des vingt mille soldats algé-
riens que comptait son année.

      Ces transfuges vont s'appuyer sur un ancien compa-
gnon d'armes, le commandant Mouloud Idir, alors direc-
teur de cabinet de Krim Belkacem, ministre des forces
armées. La tentative de ces nouveaux venus de siéger à
l'instance suprême de la révolution, le Conseil national de
la révolution algérienne, est toutefois mise en échec par le
chef d'état-major de l'ALN, le colonel Housri Boume-
diene, qui les voit prendre position contre lui dans le
conflit l'opposant à Krim.

      Mais, une fois le conflit tenniné au profit de Boume-
diene, les déserteurs se rallient à lui, tout en lui manifestant
fidélité et loyauté. Ils sont toujours du côté du plus fort.
Surtout à une période où ils avaient un besoin immense de
rachat.

        1. ln La MltrI()ir~s du général KlIoI~d NrJor, Chihab editions, 1999, p. 32.
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