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Exosquelettes et orthèses Le centre de rééducation Normandy a adopté le
Lokomat ainsi que l’Armeo Power pour la rééduca-
tion des patients qui ont eu une lésion neurologique
Améliorer une fonction défaillante cérébrale ou médullaire. Elle nécessite généralement
l’entraînement d’activités. « Le Normandy a acheté le pre-
mier Lokomat français en 2005. Il a été prouvé qu’entraîner
une tâche signifiante est plus efficace qu’entraîner un mouvement
sans motivation. En d’autres termes, pour apprendre à marcher,
© ETH Zurich. il faut reproduire le mouvement de la marche et ne pas seulement
mobiliser ses membres inférieurs sur un plan de rééducation »,
explique Anne Peskine, médecin-chef coordonnateur.
En effet, le Lokomat permet de travailler le mouve-
En 2016, l’École polytechnique fédérale de Zurich a organisé la première ment de la marche et de rappeler au cerveau les sen-
compétition sportive pour des personnes handicapées utilisant des
technologies d’assistance bionique, comme les exosquelettes. sations du tronc, des membres inférieurs mais aussi
des membres supérieurs même si le patient n’est pas
pas effectuer et seront à l’origine de l’apprentissage capable de marcher. Son utilisation facilite et permet
du geste et de l’activité. Que le patient devienne une verticalisation très précoce, améliore l’équilibre et
marchant ou pas, cette prise en charge spécifique lui peut accélérer la récupération de la marche. « De ce fait,
permet d’être mobilisé de façon intensive et aura une on relance une activité cérébrale près des zones lésées pour favo-
incidence sur son parcours de rééducation. riser la récupération. Trois critères interviennent dans cette prise
en charge : la vitesse du tapis roulant, la décharge du patient et
l’assistance des moteurs des orthèses des jambes. Le thérapeute
Le Lokomat, un outil pour renouer ajuste tous ces paramètres qui sont modulables tout au long de la
avec la marche après une lésion prise en charge. Ainsi, un patient hémiplégique peut « marcher »
cérébrale trente minutes par jour quelle que soit sa paralysie sous réserve
d’un état général satisfaisant. En dehors du travail spécifique de
la marche, cela fait une activité physique intensive et régulière
qui est particulièrement importante après une lésion cérébrale. En
effet, nous savons bien maintenant que l’immobilisation ou juste
la faible mobilisation aggrave le pronostic fonctionnel et donc
diminue les chances de récupérer », précise Soizic Injeyan,
responsable des services de rééducation.
Un patient hémiplégique
peut « marcher » trente minutes
par jour quelle que soit sa paralysie
Bien qu’ils ne remplacent pas l’être La rééducation robotisée peut être proposée à tout sous réserve d’un état général
humain, les exosquelettes l’assistent patient présentant une limitation d’activité liée à une satisfaisant.
fortement pour la rééducation des gestes. lésion neurologique. « Cependant, en cas de raideur ou de
Réapprendre à marcher, à bouger un objet spasmes très importants qu’on observe parfois, l’installation Une thérapie robotisée ciblée
peut se révéler compliquée voire impossible. Il faut aussi bien
nécessite beaucoup de volonté de la part sûr des patients bien réveillés et capables de rester concentrés sur écran via l’Armeo Power
du patient, une volonté qu’il est parfois sur une activité d’environ trente minutes », précisent Soizic
nécessaire d’accompagner par la robotique. Injeyan, responsable des services de rééducation © Medimex.
et Anne Peskine, médecin-chef coordonnateur au En revanche, l’Armeo Power également utilisé dans le
centre de rééducation Normandy. Les exosquelettes centre de rééducation Normandy est un peu différent.
ne remplacent pas l’humain, mais sont des outils de Le sujet mobilise activement son bras autant qu’il le
répétition de gestes très intensifs, que l’humain ne peut Patient en rééducation utilisant un exosquelette Lokomat. peut pour réaliser une tâche comme attraper une cible
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