Page 17 - Echos27-Janvier2024
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Chasser en forêt, tous ensembles et les uns pour les autres.
Il y a près d'un demi-siècle de cela Michel Galabru était en Andaines pour
tourner un film. Cela s'intitulerait « Celles qu'on n'a pas eues » et il s'agissait, je
crains de le dire, de ce que l'on nomme usuellement un navet. Malgré cela, ce film a
laissé dans la région une trace durable: le carrefour de forêt situé au bout du pare-feux
des Aulneaux, face à la Lande Menue, devint et demeure encore aujourd'hui pour tous
les veneurs, le carrefour Galabru. L'un des sketches du film mettait en scène un
équipage et c'est le notre, surnommé parfois Rallye Ma Chérie, qui fût choisi comme
cadre de cette aventure grivoise. Hubert de Falandre, Charles Gillot et Inès Velay
furent des figurants de talent, tout comme Dominique Mayaud. Michel Galabru,
découvrant que les Boutons les plus assidus se rendaient à la chasse deux fois par
semaine, demanda à Hubert : « C'est pas un peu chiant, deux fois par semaine ?».
Hubert, qui ne manquait certes pas de répartie, lui aurait répondu à peu près : « Et
jouer au théatre la même pièce tous les soirs....C'est pas un peu chiant ?»
Un esprit peu averti pourrait penser que la chasse à courre, c'est toujours la
même chose : des chiens qui attaquent un cerf et le poursuivent encouragés par des
hommes sonnant et hurlant pour se précipiter, au bout d'un temps variable, au milieu
d'un étang et finir par le dévorer en cérémonie, au son des trompes. Nous, Veneurs,
savons bien qu'il n'y a pas deux chasses identiques et que toutes les phases , depuis le
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matin au bois jusqu'au soir aux abois , sont sujettes à d'infinies variations qui font
notre joie. On pourrait aussi être tenté de penser que les chasses à courre d'ici
ressemblent à celles d'ailleurs pendant que celles de maintenant reproduisent celles
du passé. Rien n'est plus faux: l'environnement proche comme lointain, la forêt par
ses percements et ses peuplements, les femmes et les hommes, les lices et les chiens
changent sur des rythmes qui peuvent être très différents. Tout cela modifie la
physionomie des chasses et le plaisir qu'on y prend.
Certaines évolutions nous dépassent totalement, concernant l'ensemble de la
société ou du territoire national. Nous ne pouvons guère que les subir, nous adaptant
au mieux aux effets favorables comme aux changements néfastes. Nous avons connu
par le passé les tempêtes ou la fièvre aphteuse. A notre époque il y a les animalistes et
le trail.
1 Puisque nous sommes à Andaines !