Page 42 - Une vie, ma vie, mon parcours
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Le voyage - les corons



               en traversant à pied les Alpes enneigées, mais il s'était fait
               attraper à la frontière dans le premier village français. Il a
               simplement été renvoyé chez lui.
                  Après  une  période  de  réflexion  avec  ma  mère,  ils
               décidèrent que mon père irait travailler six mois en Belgique
               pour gagner de l'argent afin de payer les travaux qui étaient
               presque terminés, mais non encore payés.
               La vie avait changé. Bon nombre de matériaux devaient être
               achetés,  les  maçons, le ferronnier et  le géomètre  devaient
               être payés. Ils ne voyaient pas d'autres possibilités.
                  A cette époque, si chaque famille avait de quoi subvenir
               aux besoins de base, l'argent ne circulait pas beaucoup. En
               effet, l'argent ne pouvait provenir que du travail à la journée
               ou de la vente d'un cochon ou d'un autre animal.
               Pour la vente d'un animal, des foires étaient organisées dans
               les villages aux alentours. Mes parents faisaient les trajets à
               pied avec parfois un cochon qui pesait plus de 100 kg. Le pas
               devait  être  léger,  les  chemins  étaient  escarpés,  il  fallait
               quelquefois deux jours pour arriver à la foire. A la tombée de

               la  nuit,  ils  demandaient  s'ils  pouvaient  dormir  dans  une
               grange  ;  ce  qui  était  toujours  accepté.  A  la  foire,  la
               négociation du prix était importante, mais avant la fin de la
               journée, si besoin, le prix était bradé, car ils ne pouvaient pas
               imaginer revenir sans argent et avec le cochon.
                  Chaque famille avait ses terres et cultivait le blé, l'orge,
               l'avoine,  le  seigle…  Nous  avions  aussi  des  oliviers,  de  la
               vigne,  des  vergers  avec  cerises,  pommes,  figues…  et  le
               potager pour les légumes. Les besoins de première nécessité
               étaient couverts par le travail, les récoltes et la cueillette.

                 Le moment venu, mon père entreprit les démarches pour
                 obtenir les documents et notamment le passeport délivré


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