Page 44 - Une vie, ma vie, mon parcours
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Le voyage - les corons
vivait en Belgique depuis presque dix ans. Pendant le repas,
il fit comprendre à mon père que la Belgique - malgré le
travail dans une mine de charbon, avec tout ce que cela
avait de négatif - était une voie de salut pour sa femme et
surtout pour ses deux enfants. Pour lui, à San Giovanni
Lipioni, aucune perspective favorable ne se présentait.
Encore aujourd'hui, il fait bon vivre dans cette région
d'Italie, mais le manque d'activité économique ne facilite pas
la recherche d'un travail.
Cette conversation a fortement changé le devenir
de la vie de mes parents, de ma sœur et de la
mienne.
La décision fut prise : nous allions tous en Belgique.
Mon père repartit alors pour trouver une maison où nous
accueillir. Lors de son premier voyage, il avait pris le train
Milan-Charleroi où l'accueil avait été on ne peut plus
glauque. En effet, la gendarmerie attendait tous les Italiens
pour les emmener dans des camions bâchés à Forchies-la-
Marche dans des baraquements en tôles, utilisés par les
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Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.
Après quelques mois, mon père confirma qu'il avait trouvé
une maison. Ma mère commença alors à organiser notre
départ et lorsque tout fut bouclé, nous avons quitté San
Giovanni Lipioni et sommes arrivés en Belgique le
31 janvier 1957, j'avais un peu plus de 5 ans.
45 Forchies-la-Marche est un village situé à 10 km de Charleroi.
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