Page 27 - Miettes
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papa il ne pourra pas y aller. Avec son travail, puis moi à s'occuper
tout seul... c'est trop compliqué.
Maman est toujours à l'hôpital. Avec la distance, la route, nous n'y
allons pas. Papa fait ce qu'il peut. Heureusement maman a des
appels et des visites de son patron. Il l’aime bien. Il sait qu'elle est
toute seule. Qu'elle n'a pas papy et mamie à ses côtés. Que papa
ne vient pas la voir. Et que du fait elle n'a pas pu me voir non plus
depuis 1 mois.
Elle est tellement désespérée qu'elle ne se bat plus. Elle a d'autres
symptômes mais plus elle en a plus les docteurs disent que c'est
elle qui invente tout. Elle voit bien qu’ils la pensent folle. Elle les
entend parler d'elle comme si elle n'était pas là. Elle s'est demandé
s'ils avaient raison, elle a envisagé qu'elle pouvait être
véritablement en train de devenir folle. Et elle avait préféré
s'imaginer mourir. Alors elle avait cessé de se battre. Elle avait
déjà perdu 7 kilos en 5 jours. Un tube l'alimentait désormais parce
qu'elle était trop faible. Puis elle serait rendue à l'évidence que le
fou s’ignore. Son patron lui avait fait entendre. Il la connaissait si
bien. Il savait de quelle trempe elle était. Sûrement pas le genre à
faire des simagrées pour être au centre des attentions. Bien au
contraire, c’est une personne plutôt discrète.
Personne ne sait à propos de maman. Mais ce n'est pas comme
s'ils avaient des tas d'amis... Il y a nos voisins d'à côté et puis le
collègue de papa et sa femme. Ils ont une petite fille comme moi,
elle s'appelle Agnès. On joue ensemble, et on connait bien toute
leur famille maintenant. Heureusement parce qu’on n’en a pas de
famille. En fait mamie du côté de papa on n’a pas le droit de la voir
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