Page 31 - Miettes
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Elle avait ainsi abandonné la lutte. Elle était heurtée dans sa
propre estime d'elle-même. Comment pouvait-on penser cela
d'elle ? Maman elle travaille à la banque ! Elle est sérieuse et
honnête et battante, elle l’a toujours été ! Elle ne pouvait
considérer cet échec sur elle-même d'avoir la faiblesse de l'esprit
qui renie son propre être et qui l'abandonne avec lâcheté. Elle
avait un enfant sur qui veiller et à faire grandir. Elle ne pouvait pas
me laisser exprès ! Juste pour faire semblant de je ne sais quoi, ...
Elle m'avait tant attendue dans sa vie, tout prenait enfin du sens
depuis moi. Et elle débutait une carrière prometteuse. On avait
même notre maison à nous grâce à ça. Et une belle voiture. Et
puis tout allait bien avec papa.
Alors pourquoi ferait-elle exprès de tout gâcher ? Pourquoi
maintenant ? Si vraiment elle faisait exprès.... elle méritait un peu
cette situation. Ça lui servirait de leçon. Ça lui ferait arrêter tout
son cinéma ! Qu’elle soit internée et qu’on en parle plus.
Grand-père lui, il n'était pas du tout d'accord. Il sait de quel bois
maman est faite. Son éducation stricte l'avait forgée d'acier. Elle
pouvait tant affronter déjà très tôt. Et en particulier les souffrances
psychologiques. Elle était forte. Il le savait. Donc la cause de tous
ces maux était ailleurs. Mais les docteurs quand ils ne connaissent
ce qu'on a, c'est ce qu'ils font, dire que c'est dans la tête. Alors
cela suffisait selon lui. Et il fallait sortir maman de là coûte que
coûte. Car l'abandonner à son sort n'était pas envisageable, même
s'il fallait être celui qui seul la défendrait. Il était prêt à tout. Parce
qu'il l'aimait plus fort que sa propre vie. Parce que tout cet amour
allait déplacer des montagnes et peut être bien même la soigner.
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