Page 35 - Miettes
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               Il s’était écoulé quelques semaines depuis que maman était partie
               de la maison. J’avais mes nouvelles habitudes comme papa en
               avait  décidé  et  convenu,  lorsqu’elle  est  réapparue  à  la  porte
               d’entrée. Mon pruneau sec de mère, au bras de ce grand-père que
               je  ne  connaissais  pas  encore,  campait  tout  à  coup  dans
               l’embrasement de la porte.

               Papa  m’avait  récupérée  chez  la  voisine  pour  que  j’accueille
               maman. Je ne sais pas si c’est que je ne l’ai pas reconnue, ou si
               c’est à cause de ce grand-père collé à elle qui m’aurait intimidée…
               ou peut-être même juste le fait qu’elle soit là de nouveau… alors
               que tout allait bien à la maison depuis son départ…

               Maman m’a tendu les bras pour me serrer, bien qu’elle savait ne
               pas avoir la force de me porter.  Mais de mon côté, rien. Le vide,
               le  néant.  Je  ne  sais  pas.  Je  ne  pouvais  pas…  Au-delà  d’une
               absence d’émotions, un profond rejet avait jailli en moi. Je n’ai su
               dire que ces mots, qui lacéraient le cœur de maman à l’instant
               même : « non, pas toi ! ». Le ton sévère et ferme, je renvoyais ce
               pruneau sec de mère aussi loin que possible.

               J’étais  devenue  le  « bébé  d’amour »  de  mon  papa  et  rien  ne
               viendrait perturber cela. Pas même ma mère ; elle n’avait qu’à être
               là tout ce temps durant. Qu’elle s’en prenne à elle-même, nous




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