Page 139 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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Peu de temps après il me proposa une invitation en soirée.
J'acceptais, toute intimidée, et il m'emmena dans un restaurant qui
existe toujours, « chez Pierrot » rue Etienne Marcel près des Halles,
puis expliqua m'avoir remarquée dès mon arrivée chez Louis Féraud,
ce qui me toucha énormément. Il ajouta que je ne ressemblais pas
une fille ordinaire, mais plutôt une fille qui dégageait une certaine
personnalité. De plus, il faut dire que même si j'étais passionnée par
ce monde de la haute-couture, je n'avais pas adopté le look des jeunes
filles des années 70, puisque je m'habillais avec des tenues dénichées
aux puces de Portobello road à Londres ou aux puces de Paris, dans le
style Greta Garbo, ou rétro, toujours inspirée par Erté, et je réalisais
parfois moi-même mes tenues. Ce style que j'avais adopté, allait me
transformer inconsciemment en muse inspiratrice.
J'aimais ce studio où je dessinais, qui se situait face au Palais de
l'Elysée, au premier étage de la maison de couture, avec une vue
exceptionnelle qui me permettait d'assister aux allers et venues dans
la cour d'entrée, des Grands de ce monde et autres personnalités
politiques qui se rendaient à la Présidence de la République.
Nombreux étaient les journalistes et photographes qui insistaient
auprès de Louis Féraud pour jouir de ce panorama exceptionnel pour
des raisons purement professionnelles.
Je comprenais que je jouissais d'un privilège quotidien
exceptionnel. Cette nouvelle vie correspondait enfin à mes
aspirations et je l'aimais...
Aujourd'hui la boutique Louis Féraud n'existe plus, c'est un
antiquaire qui profite de ce panorama particulier.
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