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UN SINGE EN HIVER





                     Nous approchions de la fin de l'hiver, il faisait encore froid, nous
              étions entre deux collections de haute-couture, c’était une période
              sans stress.


                     Mes voisins jamaïcains, Valérie et Tony, avaient terminé leur
              contrat aux Folies Pigalle et souhaitaient présenter leur spectacle

              dans un autre club. C'est ainsi qu'ils décidèrent de se rendre pour
              quelques jours à Londres, très en vogue à cette époque. Or, ils
              possédaient un petit singe, un ouistiti,  et ne pouvaient l’emmener,

              celui-ci risquait d'être mis en quarantaine, ce qui n'arrangeait pas le
              couple d’artistes désireux de faire un bref aller et retour dans la
              capitale britannique.


                     Valérie suggéra qu’il serait judicieux de le cacher dans la

              doublure de son manteau de fourrure, pour l'emmener avec elle sur
              le vol Paris-Londres, après lui avoir administré une dose de
              somnifère. Je lui expliquais que l'idée était mauvaise, ne sachant pas
              doser le somnifère, une trop forte dose risquait de tuer le petit

              animal, et une dose trop légère pouvait le réveiller dans l'avion et
              attirer les soupçons du personnel navigant donc de la douane. La

              seule solution qui s'imposait était de le laisser à Paris, sous ma garde
              ou celle de Gérald, pendant les trois jours d'absence de ses maîtres.


                     Gérald se couchait tard après le spectacle, il était donc
              préférable de laisser l'animal dans l'appartement de ses maitres
              absents, tout en observant une surveillance régulière. C'est ainsi

              qu'après avoir quitté le studio chez Louis Féraud, je lui rendis visite.
              Quelle catastrophe, l'appartement de ses maîtres était sens dessus-
              dessous, dans un état lamentable. J'en conclus que le pauvre animal

              ne pouvait pas supporter la solitude. Je le pris donc sous ma garde,
              dans notre appartement où l'animal resta très calme.





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