Page 142 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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UN SINGE EN HIVER
Nous approchions de la fin de l'hiver, il faisait encore froid, nous
étions entre deux collections de haute-couture, c’était une période
sans stress.
Mes voisins jamaïcains, Valérie et Tony, avaient terminé leur
contrat aux Folies Pigalle et souhaitaient présenter leur spectacle
dans un autre club. C'est ainsi qu'ils décidèrent de se rendre pour
quelques jours à Londres, très en vogue à cette époque. Or, ils
possédaient un petit singe, un ouistiti, et ne pouvaient l’emmener,
celui-ci risquait d'être mis en quarantaine, ce qui n'arrangeait pas le
couple d’artistes désireux de faire un bref aller et retour dans la
capitale britannique.
Valérie suggéra qu’il serait judicieux de le cacher dans la
doublure de son manteau de fourrure, pour l'emmener avec elle sur
le vol Paris-Londres, après lui avoir administré une dose de
somnifère. Je lui expliquais que l'idée était mauvaise, ne sachant pas
doser le somnifère, une trop forte dose risquait de tuer le petit
animal, et une dose trop légère pouvait le réveiller dans l'avion et
attirer les soupçons du personnel navigant donc de la douane. La
seule solution qui s'imposait était de le laisser à Paris, sous ma garde
ou celle de Gérald, pendant les trois jours d'absence de ses maîtres.
Gérald se couchait tard après le spectacle, il était donc
préférable de laisser l'animal dans l'appartement de ses maitres
absents, tout en observant une surveillance régulière. C'est ainsi
qu'après avoir quitté le studio chez Louis Féraud, je lui rendis visite.
Quelle catastrophe, l'appartement de ses maîtres était sens dessus-
dessous, dans un état lamentable. J'en conclus que le pauvre animal
ne pouvait pas supporter la solitude. Je le pris donc sous ma garde,
dans notre appartement où l'animal resta très calme.
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