Page 138 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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CHEZ LOUIS FÉRAUD
Avec ce nouvel emploi, et cet appartement que je partageais
dans le 8 ème arrondissement, entre le boulevard Malesherbes et la rue
de la Boétie, j'empruntais chaque matin tout à côté, la rue des
Saussaies, pour atterrir rue du Faubourg Saint Honoré, à ma droite se
situait la place Beauvau et le Ministère de l'Intérieur, et en face de
chez Louis Féraud, la Présidence de la République.
Je garde le souvenir de mon arrivée dans cette maison de
couture. Le vendeur responsable de la boutique m’avait prise
immédiatement en sympathie et mise à l'aise en présentant toute
l'équipe de la maison, dont Zaza l'épouse du couturier et sa fille Kiki,
ainsi que le studio de création composé deux jeunes femmes
nordiques.
Lorsque le directeur artistique arriva, le silence semblait
rompre la bonne ambiance de l'équipe. Il était d'origine norvégienne,
et s'appelait Per Spook, impressionnant par la taille et le style, et une
certaine ressemblance avec Anthony Perkins. Intimidée, je n'osais le
regarder et il passa devant moi dans une totale indifférence qui se
produisit à plusieurs reprises dans la journée. Ce que je ne savais pas
encore, c'est qu'il m'observait discrètement. Le lendemain la même
scène se répéta, puis, stupéfaction générale, il s'approcha de moi avec
beaucoup de gentillesse, se présenta, observa mes dessins et me
conseilla, puis me prit en sympathie, chose étonnante pour tout le
personnel qui avait l'habitude de voir en lui un personnage un peu
distant. Il était totalement différent avec moi, la petite nouvelle de la
maison à laquelle il portait soudainement un certain intérêt.
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