Page 211 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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ADIEU L’AVENUE MONTAIGNE
Avec cette décision de rester à Paris, je me rendais toujours aussi
régulièrement à Rome dès que je le pouvais. Quant à M. Laroche, il
souhaitait me réserver les mêmes responsabilités et n’avait donc
accordé aucune attention à mon ex-futur « remplaçant » qui, malgré
ma décision d’oublier ma démission, avait eu la chance d’être engagé.
Ce qui n’allait pas être sans conséquence.
Ce garçon, tellement désagréable était particulièrement
antipathique avec moi, et pour cause, il ne semblait pas trouver ses
marques dans la maison, et allait bientôt me le faire payer très cher,
malgré ma gentillesse spontanée à son égard et quelques tentatives
de conciliation. Nombre de fois où M. Laroche m’appelait pour l’aider
aux collections de haute-couture, et dès mon retour au studio, je
constatais l’eau renversée sur la peinture des dessins que j’avais
préalablement réalisés et terminés. Ou encore les poils de mes
pinceaux coupés et j’en passe… Ses blagues étaient du plus mauvais
goût, sans oublier tous les dénigrements à mon égard. Je ne
souhaitais pas entrer en conflit, ou tout au moins je ne l’avais jamais
pris en flagrant délit. Il m’était donc difficile de réagir. Je restais donc
forte et impassible, attendant l’occasion propice. Elle se présenta.
J’avais été souffrante et alitée durant toute une semaine et
affaiblie. Je me présentais chez mon employeur sa semaine suivante,
pas tout à fait rétablie, après cet arrêt maladie, comme de coutume, je
passais par la boutique m’aspergeant de ce merveilleux parfum Fidji,
avant d’emprunter l’ascenseur. C’est là que se déroula la scène qui
allait précipiter mon départ définitif de la maison de couture qui
m’avait tant adulée pendant quelques années.
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