Page 208 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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Avec ce séjour volontairement et malhonnêtement prolongé, je
ne pouvais plus me passer de cuisine italienne, et la prise de poids me
trahissait.
Avec ses nombreuses relations romaines, Claudio envisageait de
me faire rentrer chez un grand couturier romain. Tout semblait
parfait pour ma future installation dans cette magnifique capitale et
je décidais de rentrer à Paris pour prendre une décision.
De retour chez mon employeur, avenue Montaigne, l’ambiance
me parut morose. C’est ainsi que je décidais d’annoncer mon
intention de démissionner pour m’installer à Rome. Les deux « Guy »
furent stupéfaits et déçus de cette nouvelle inattendue. Ce fut fait et
j’adressais par la même occasion ma lettre de démission ...
Un jeune homme allait bientôt me remplacer, il était loin de me
plaire, xénophobe, condescendant et d’une totale antipathie, il était
donc difficile de lui transmettre certaines directives. Mais peu
importe, puisque j’allais quitter cette maison de couture parisienne
dans laquelle j’avais tant de souvenirs drôles et agréables.
Avec mon caractère de passionnée, je préférais me consacrer à
cette vie professionnelle que j’affectionnais, sans réfléchir à la façon
dont j’allais envisager ce soudain changement dans ma vie. Encore
moins en ce qui concernait la résiliation de mon logement. Quant à la
décision à prendre pour toutes ces affaires, meubles, livres et autres
objets que je possédais, cela m’était insupportable et me semblait
relever d’un effort surhumain. Je ne me voyais pas les emporter à
Rome et je n’arrivais pas à m’organiser, tel un mur dressé devant moi.
C’est le directeur artistique de la maison Laroche, M. Douvier qui
me fit remarquer que j’allais énormément lui manquer d’autant plus
que j’étais devenue l’élément indispensable aux collections qu’il
réalisait. J’en fus flattée mais je me réservais de le garder pour moi.
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