Page 67 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
P. 67
LE PREDATEUR
Mes souvenirs d'enfance ne sont pas pour autant, tous aussi
drôles ou légers.
Il y a des sujets sensibles et douloureux qui, à une certaine
époque, semblaient inexistants ou tout simplement tabou par le fait
de les divulguer. Certaines conversations entre parents et enfants
semblaient interdites, autant dire que la communication faisait
défaut au sein de la famille. Ces souvenirs désagréables, vécus à une
certaine période, j'avais fini avec le temps, par les enfouir
profondément dans ma mémoire, et les archiver définitivement.
Nos médias actuels parlent de tout, parfois trop, mais
également dans un but préventif, et cela m'aurait été bien utile,
lorsque j'étais enfant.
Le tiroir de mes archives que je croyais cadenassé, s'est ouvert
un jour pour me remémorer ces faits. Longtemps j'ai hésité avant de
les publier, mais je crois qu'il est toujours utile et salutaire de parler
sans détour, tout en se réservant une certaine pudeur.
Il venait de débarquer récemment et passait régulièrement
dans notre bistrot. Aucun des clients habitués ne le connaissaient. Je
devais avoir huit ans.
Maman le trouvait un peu bizarre, mais comme il semblait avoir
une belle situation sociale et de belles manières, en plus d’être bon
client, cela contribuait à lui accorder une certaine confiance.
66