Page 72 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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LA MONTAGNE







                   Je venais d'avoir onze ans et une santé fragile. Je n’imaginais
              absolument pas l’état de maigreur de ma silhouette, jusqu'au jour où

              l'institutrice annonça à une élève trop loquace, qu'il était ridicule de

              se cacher derrière ma frêle apparence physique, pour bavarder dans

              les rangs. J'étais souvent souffrante, jusqu'au jour où maman

              m'accompagna chez le médecin. C’est ainsi que le radiologue venait
              de me découvrir un problème aux poumons.  Je vivais dans un

              environnement enfumé à cause du bistrot et pas très sain pour une

              enfant qui ne connaissait la nature qu'au travers de son jardin aux

              herbes folles, sans oublier le contact indirect avec la clientèle porteur

              d’éventuels virus ou microbes. Il fut donc conseillé à mes parents de

              m'expédier en aérium dans une région de montagnes où je trouverai
              un air plus sain afin d’éradiquer ce début de tuberculose.



                      Pour la première fois de ma vie j'allais prendre le train jusqu'à

              la gare du Nord à Paris, c’était en fin de soirée. Mon père

              m'accompagnait, et je garde un vague souvenir du métro qui devait

              m'emmener de la gare du Nord à la gare de Lyon en direction de
              Grenoble, et je n’eus donc pas l’occasion de voir la Tour Eiffel. En

              attendant le départ, dans le train, je dégustais une pêche qui je ne sais

              pourquoi, fut la meilleure de ma vie.



                      En 1960 les TGV étaient inexistants et le voyage assez long se
              fit de nuit pour arriver au petit matin.










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