Page 77 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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Du jour au lendemain, nous étions passés de bistrot vieillot de
quartier, sombre, avec sa clientèle d'habitués, à bistrot branché,
constitué uniquement de jeunes empressés de venir dans notre bar
pour se rencontrer et écouter la musique en vogue, influencée par le
Golf Drouot. Ils écoutaient les chansons d’Elvis Presley, Johnny
Hallyday, Les chaussettes noires avec Eddy Mitchell, Buddy Holly et
bien d’autres. Rendez-vous était donné pour danser le twist dans
l'arrière salle aménagée en dancing, où les couples se rapprochaient
pour danser le slow sur les chansons de Richard Anthony. C’était le
début de la période «Yé-Yé» et des «Blousons Noirs». Tous les jeunes
branchés des environs se retrouvaient chez nous, dernier lieu à la
mode qu'il ne fallait en aucun cas rater. L'ambiance y était joyeuse,
conviviale mais également très bruyante !
J'étais une adolescente particulièrement timide, et cette
période ne me plaisait pas vraiment, je ne dansais pas le twist que je
détestais et préférais le cinéma et ses projections de péplums de
l'époque. J’évitais le bistrot avec tous ces jeunes dont certains me
jetaient des regards pas totalement indifférents dont je me serais
bien passée.
Quand maman me demandait de venir l'aider au bar, je me
cachais derrière la machine à café, afin d'éviter les regards ou
réflexions des clients, je prétextais souvent avoir des devoirs à
terminer et je me retirais seule dans notre séjour pour me consacrer
à ma passion de l'époque, le dessin que j’affectionnais tout
particulièrement et on peut dire que j’excellais dans ce domaine et
notamment dans les portraits.
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