Page 80 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
P. 80
Cela faisait partie de mes rêves, mais bientôt mes parents
allaient me ramener à la réalité, puisque mon frère, doué en dessin
lui aussi, mais particulièrement spécialisé pour les intrigues,
prétextait fréquenter assidûment les Beaux-Arts en cours du soir,
alors qu'il trainait avec sa bande de copains dans un bar et jouer au
flipper. Mes parents avaient fini par dévoiler la supercherie, et à mon
grand désarroi, je payais la note pour lui, par le refus catégorique de
mes parents de me laisser suivre cette voix artistique, tout en me
poussant à poursuivre des études pour envisager… je ne sais quoi
d’ailleurs .... Sachant qu’en principe, le rôle des filles consistait à
torcher les enfants, faire le ménage et la cuisine !!!
Je n'avais donc aucune autre ambition que de poursuivre des
études et éventuellement m’orienter par ce qui me tentait
timidement à l’époque, approfondir l’enseignement de l'anglais ou
l'histoire, mais la situation se dégradait. J’aimais trop le domaine
artistique et artisanal, et ce refus de mes parents qui me contrariait,
me décourageait à tel point que révoltée de la différence qu’on
m’imposait par rapport à la liberté et choix de mon frère, je finis par
sécher régulièrement les cours.
Parfois au lieu d'aller au lycée, je me rendais au cimetière, situé
sur le même chemin, pour nettoyer la tombe de mes grands-parents.
Parfois j'allais me balader avec une copine, jusqu'au jour où je fus
surprise en flagrant délit par mon frère qui s'empressa d'aller
rapporter la vérité à mes parents. Mon père fut convoqué au lycée et
fut reçu par la directrice qui le persuada à m’encourager dans la
poursuite de mes études, vu le résultat très positif de mes notes. Je
refusais définitivement, et venais de casser mon année scolaire,
gâchée, pour le plus grand regret de mes parents, mais sans remord
pour moi toutefois.
79