Page 76 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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LE BISTROT BRANCHÉ
Les choses avaient bien changé à mon retour dans le Nord,
notamment le bistrot, sans oublier cette nouvelle chanteuse que
Maman écoutait en boucle, qui se prénommait Dalida, et je venais de
la découvrir.
De plus, l’arrivée de quelques «Pieds Noirs» venus s’installer
dans notre ville, suite à la guerre d’Algérie, allait quelque peu
modifier nos habitudes alimentaires, en y apportant des spécialités
de là-bas, ce qui n’était pas pour me déplaire. Le couscous et tous ces
légumes du soleil je les appréciais particulièrement, nous allions le
déguster chaque dimanche à l’heure du déjeuner, chez un
commerçant qui avait quitté cette Algérie à regrets pour venir
s’installer au bistrot situé au bout de la rue, face aux deux fermes,
près de la route qui menait au Bois d’Halluin, actuel Parc du Lion, et à
la limite de la frontière belge.
Avec la nouvelle déco branchée du bistrot, un mobilier neuf en
formica jaune et noir, un billard, un juke-box et un flipper, la clientèle
habituelle du jeu de bourles semblait décalée et perturbée dans ce
nouvel environnement. C’était une clientèle vieillissante qui n'avait
pas suivi le cours de l'évolution de la vie, et avait fini par déserter le
bistrot. Si mes parents s'inquiétaient de cette situation, mon frère
s’en réjouissait et il allait la résoudre rapidement, puisqu'il contribua
à un certain renouvellement de clientèle, avec l’arrivée de tous ses
amis et amis de ses amis.
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