Page 73 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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Quelle ne fut pas ma surprise dès mon arrivée à Grenoble, cette
ville si différente de mon environnement habituel. Bientôt nous
allions prendre un taxi qui allait nous transporter jusqu'au village de
Saint-Pierre de Chartreuse, situé dans les hauteurs du massif de La
Grande Chartreuse à plus de mille cinq cents mètres d'altitude, face
au mont « Chamechaude ». C'était la fin de l'été, je me retrouvais
devant un paysage inhabituel, accidenté, verdoyant et fabuleux, avec
de nombreux torrents, chalets et troupeaux de bétail. Cela me
changeait de ce plat pays qu'est le Nord, aux maisons en briques
rouges, avec la pluie et la grisaille environnante.
J’y restais trois mois qui furent pour moi une véritable
révélation. Je découvrais en effet des paysages sublimes, une lumière
différente et des promenades au grand air sur les chemins de
montagnes. Un peu plus haut, lors d'une grande ballade où l’air
semblait me bruler les poumons, j'aperçus des chamois sur le flanc
des montagnes. J'eus également vers la fin de mon séjour, droit au
retour de la transhumance, avec toutes ces vaches qui portaient des
colliers de fleurs multicolores, auxquels s’ajoutait le tintamarre
joyeux de cloches annonçant le retour à la ferme et le changement de
saison.
Nous étions logés dans un immense chalet, et le séjour était
rythmé, par des règles de vie assez souples, mais avec des repas
équilibrés à heure fixe et je commençais à apprécier les spécialités de
la région. La grande variété de légumes ou de fruits que je découvrais
ne se trouvait pas partout à cette époque, et notamment dans la
région du Nord. C'est ainsi que je dégustais mon premier plat de
courgettes et de courges dans cette région du Dauphiné.
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