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LE SÉJOUR À CERNOBBIO






                     Mon séjour en qualité d'invitée se passait de façon plutôt agréable au Lac

              de Côme. Parfois avec Luigi nous nous rendions à Milan ou en Suisse chez des
              amis ou en soirée en discothèque. Je commençais à comprendre l'Italien et à
              m'exprimer un peu dans cette langue.

                     Luigi se rendait chaque matin dans la région pour raison professionnelle.
              Je savais qu'il était styliste, mais sans plus de détail à ce sujet. Je finis par en

              discuter et c'est ainsi que j'appris qu'il réalisait des dessins de tissus pour les
              soyeux de la région. Il me fit découvrir quelques unes de ces réalisations que
              j'appréciais. Moi je restais à la maison pour aider Antonietta, écouter de la
              musique classique, faire du tricot prés de la cheminée d'autant plus que l'hiver
              approchait, un peu de lecture, ou encore admirer les livres artistiques que Luigi
              m'avait fait découvrir dont celui consacré aux  magnifiques dessins du grand
              artiste Erté, mon préféré.


                     Cette situation en qualité d'invitée, me comblait, mais les copieux repas
              quotidiens, n'arrangeaient pas ma situation de privilégiée. Alors parfois je
              proposais à Antonietta d'aller faire les courses. Elle me laissait sortir
              uniquement pour acheter le pain ou les fruits chez les commerçants proche du
              village, cela m'amusait mais restait néanmoins limité à mon goût. Antonietta
              m'expliqua que j'étais en situation irrégulière chez eux et que cela risquait de
              faire jaser facilement dans le village, les statuts de l'union européenne
              n'existaient pas encore. J'étais donc condamnée à vivre recluse, en situation
              irrégulière. Et pour ne pas sombrer dans l'ennui ou la déprime, je décidais moi
              aussi de réaliser des dessins de tissus, cela m'aida à tromper l'ennui, mais dans
              quel but et pour qui ?


                     Un soir que Luigi rentrait à la maison, je lui montrai mes dessins réalisés
              pendant son absence, il resta bouche bée de stupéfaction. Il faut bien sûr
              avouer que je m’étais énormément inspirée des dessins du fameux livre
              consacré à Erté, aussi les compliments de Luigi m'encouragèrent dans cette
              voie en espérant suivre ses traces professionnelles, mais rien ne se passait...
              C'était l'hiver, la neige était abondante et je résidais à Cernobbio depuis
              plusieurs mois déjà, sans issue ni aucun projet concret.






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