Page 115 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LE SÉJOUR À CERNOBBIO
Mon séjour en qualité d'invitée se passait de façon plutôt agréable au Lac
de Côme. Parfois avec Luigi nous nous rendions à Milan ou en Suisse chez des
amis ou en soirée en discothèque. Je commençais à comprendre l'Italien et à
m'exprimer un peu dans cette langue.
Luigi se rendait chaque matin dans la région pour raison professionnelle.
Je savais qu'il était styliste, mais sans plus de détail à ce sujet. Je finis par en
discuter et c'est ainsi que j'appris qu'il réalisait des dessins de tissus pour les
soyeux de la région. Il me fit découvrir quelques unes de ces réalisations que
j'appréciais. Moi je restais à la maison pour aider Antonietta, écouter de la
musique classique, faire du tricot prés de la cheminée d'autant plus que l'hiver
approchait, un peu de lecture, ou encore admirer les livres artistiques que Luigi
m'avait fait découvrir dont celui consacré aux magnifiques dessins du grand
artiste Erté, mon préféré.
Cette situation en qualité d'invitée, me comblait, mais les copieux repas
quotidiens, n'arrangeaient pas ma situation de privilégiée. Alors parfois je
proposais à Antonietta d'aller faire les courses. Elle me laissait sortir
uniquement pour acheter le pain ou les fruits chez les commerçants proche du
village, cela m'amusait mais restait néanmoins limité à mon goût. Antonietta
m'expliqua que j'étais en situation irrégulière chez eux et que cela risquait de
faire jaser facilement dans le village, les statuts de l'union européenne
n'existaient pas encore. J'étais donc condamnée à vivre recluse, en situation
irrégulière. Et pour ne pas sombrer dans l'ennui ou la déprime, je décidais moi
aussi de réaliser des dessins de tissus, cela m'aida à tromper l'ennui, mais dans
quel but et pour qui ?
Un soir que Luigi rentrait à la maison, je lui montrai mes dessins réalisés
pendant son absence, il resta bouche bée de stupéfaction. Il faut bien sûr
avouer que je m’étais énormément inspirée des dessins du fameux livre
consacré à Erté, aussi les compliments de Luigi m'encouragèrent dans cette
voie en espérant suivre ses traces professionnelles, mais rien ne se passait...
C'était l'hiver, la neige était abondante et je résidais à Cernobbio depuis
plusieurs mois déjà, sans issue ni aucun projet concret.
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