Page 110 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
P. 110
EN ROUTE VERS MILAN
Cet inoubliable séjour en Italie, qui allait devenir le point déterminant de
ma future carrière, m'avait laissée rêveuse et j'avoue que je m'y serais bien
installée pour y vivre. Milan n’était pourtant pas encore une capitale mondiale
de la mode et du design, et Larry m’avait fait visiter l’essentiel de la ville, avec
son incroyable et sublime cathédrale, la place du Dôme avec sa galerie, et la rue
Vittorio Emanuel II et ses boutiques de luxe, mais nous avions d’autres projets.
Avec deux amis italiens, nous avions parcouru en auto-stop, les routes
ensoleillées de Milan à Florence. La présence de ces deux amis italiens, nous
aidait pour la communication, puisque Larry ne parlait pas Italien ni le Français
d'ailleurs, et j'en étais arrivée à m'exprimer couramment en Anglais avec lui qui
ne faisait pas d'effort dans ma langue maternelle.
A cette époque Larry m'appelait Red. J'étais très souvent vêtue de rouge,
avec de longs cheveux bruns camouflés sous un turban de mousseline rouge,
souligné par mon regard vert-de-gris et une peau blanche laiteuse. J'habillais
mes lèvres d’un rouge intense assorti à mes tenues. J’étais donc prénommée
Red, et j’appréciais cette vie de bohème qui me permettait de découvrir les
œuvres d’art florentin, dans cette ville de renommée mondiale. Le séjour resta
inoubliable mais trop bref à mon goût, et il fallait hélas déjà songer à rentrer,
moi à Paris, Larry à Londres.
C'était presque l'automne et ce retour dans la capitale française me parut
gris et triste et ne m'apportait rien de nouveau. De plus j'avais l'impression que
Jean-Pierre ne supportait pas mes allers et venues. Je restais nostalgique de ce
séjour italien qui avait ensoleillé ma vie de magnifiques souvenirs.
Je décidais d’appeler Larry qui travaillait à Londres pour ses séances
photos et prendre de ses nouvelles et lui faire part des miennes pas très
intéressantes. C'est alors qu'il se remémora l'un de nos amis communs, Luigi,
qui lors d'un séjour à Paris m'avait gentiment proposé une invitation chez lui
en Italie dès que je le souhaitais. Quelle bonne idée avait eu Larry de m’en
reparler! Je me précipitais au bureau de poste pour envoyer un télégramme
(ancêtre du SMS) à Luigi, celui-ci me répondit rapidement et affirmativement.
Aussitôt en possession de cette bonne nouvelle je pliai bagages et quittai
définitivement Jean-Pierre et mon poste de "jeune fille au pair", tout en suivant
attentivement les indications laissées sur le télégramme de Luigi.
109