Page 108 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LA RUE BLANCHE






                   J'étais à Londres depuis plus d'un mois et malgré nos tribulations, cette
              ville me semblait sans âme, je fréquentais du beau monde, j'étais logée dans les

              beaux quartiers chez un ami dont la gentillesse et la personnalité ne pouvait
              que me réjouir, il avait une telle notoriété dans son pays natal où il faisait la une

              des journaux, mais tout cela ne me comblait pas pour autant. J'aimais pourtant
              écouter ses histoires d'enfance, lorsqu'il habitait un petit village en Malaisie, où

              réveillé par le chant du coq en guise de réveil matin, il se rendait à l'école,
              déjeuner en main, traversant un semblant de jungle avec toutes sortes

              d'animaux. Hélas, à force d'inactivité je m'ennuyais et Larry me poussait à faire
              du mannequinat ou du théâtre. Je n’avais pas vraiment la taille, et je manquais

              hélas d'assurance pour avoir l'audace de suivre ses conseils. Je décidais
              finalement de retourner à Paris en évitant le ferry. A cette époque l'Eurostar

              n'existait pas, et l'idée d'un tunnel sous la manche n'était qu'une utopie. Je
              décidais de rentrer en aéroglisseur. J'avoue que ce voyage fut très rapide et
              surtout il n'y avait aucune sensation désagréable comme la précédente

              traversée en ferry. Je regrette d'ailleurs la disparition de ce moyen de
              transport, depuis l'arrivée de l'Eurostar.


                        De retour à Paris je contactais quelques amis, dont le gentil Jean-Pierre,

              qui travaillait chez Ted Lapidus, il se proposa de m'héberger, sans condition ni
              limite, alors que j'étais fauchée et sans emploi. Je venais de m'installer chez lui,

              au 72 de la rue Blanche dans le 9      ème  arrondissement.  Je me sentais redevable
              de sa grande générosité, aussi dès qu'il se rendait à la boutique Ted Lapidus,

              située rue du Faubourg Saint Honoré, où il était responsable, je me
              transformais en femme d'intérieur pendant son absence, et lui était ravi de

              trouver de bons petits plats en soirée. Il était une sorte de grand frère pour moi
              et m'appelait « sa jeune fille au pair ».






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