Page 104 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
P. 104

AMSTERDAM






                     Ces quelques mois passés chez Maitre Couturier me semblaient tellement
              linéaires, interminables, et en totale contradiction avec ma vie nocturne.
              Paradoxalement mon cercle d'amis s'agrandissait alors que mes aspirations
              professionnelles me semblaient sans issue.


                     Mes deux amis étaient absents, jusqu'au jour où Larry rentra de Kuala-
              Lumpur. Il avait apporté avec lui sa célébrité diffusée dans les journaux locaux,
              et tout un stock de chemises de style batik, dans l'espoir de les revendre à
              Paris. C'est ainsi que nous avions décidé de nous rendre au marché aux Puces
              Porte de Clignancourt, pour tenter de liquider ce stock de chemises. Il était
              facile à cette époque d'installer un stand provisoire, sans aucune
              réglementation. Hélas, après deux weeks-end passés aux Puces, sans grand
              succès, il était évident que ces chemises n'intéressaient personnes. Nous avions
              également tenté de les proposer dans différentes boutiques des quartiers Saint-
              Germain ou Saint-Michel, mais nos talents commerciaux s'étaient révélés
              totalement nuls, au point que ces chemises commençaient à nous peser. Elles
              furent donc oubliées quelques temps.


                     J'étais de plus en plus lasse de mon job chez Maître Couturier, et de
              toutes ces faces de "croquemorts" qui m'étaient devenues insupportables.


                     Un jour Larry m'annonça son intention d'aller faire un petit séjour à
              Amsterdam et me suggéra de l'accompagner. Après avoir longuement réfléchi,
              je larguais définitivement la chambre de la rue de Siam et je quittais
              définitivement le notaire sans oublier d'accomplir toutes les formalités
              nécessaires. Ma vie de l ‘époque se résumait alors à un sac de voyage et à mon
              ami Larry, qui se retrouvait lui avec deux sacs de voyages, le plus volumineux
              contenant le stock des fameuses chemises batik.


                     Notre voyage en direction d’Amsterdam se fit par le moyen de transport
              de l'époque, l'auto-stop. C'était facile, Larry se cachait avec les sacs, moi je
              faisais signe aux chauffeurs qui s'arrêtaient facilement, leur laissant la surprise
              d'un second passager et de sacs encombrants, et lorsqu'un chauffeur nous
              laissait en pleine ville nous étions obligés de prendre un taxi avec nos
              accessoires encombrants. Nous commencions alors à maudire ce stock de
              chemises.




                                                                                                         103
   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109