Page 109 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Nous invitions très souvent des amis à diner, mais je ne rêvais que d'une
chose, me trouver un emploi dans le milieu de la mode. Comme il travaillait
chez un couturier en vogue à l’époque, j'avais le mince espoir de pouvoir y faire
mon entrée par ses relations. Hélas, cela n'arriva pas puisque Jean-Pierre allait
bientôt quitter Ted Lapidus pour devenir bien plus tard le bras droit
d'Emmanuel Ungaro, mais il n'était pas encore un personnage suffisamment
influent dans ce milieu. Je me contentais donc des dîners et sorties avec les
amis, des balades aux Puces de Clignancourt le week-end, où Jean-Pierre me
constituait une garde-robe vintage. Elle était belle la vie, mais trop facile et vide
à mon goût, linéaire malgré toute cette gentillesse à mon égard.
Un jour Jean-Pierre me présenta un ami japonais, Tokio. Il était styliste et
travaillait pour une petite société de prêt-à-porter. Nous dînions et sortions
souvent ensemble. Je ne savais pas encore qu'il allait devenir l'assistant de
Kenzo, et par la suite, l'un des plus fameux jeunes créateurs de chaussures et
maroquinerie de l'époque, Tokio Kumagaï, avec sa propre boutique place des
Victoires, avant d'être emporté par cette terrible maladie dont on commençait
à parler. Je garde le souvenir de Tokio qui aimait danser en discothèque, les
yeux fermés, sur les tubes de Marvin Gaye, tel que « What’s going on ».
À cette époque, Tokio travaillait pour une petite marque de prêt-à-porter
du Sentier et me proposa une belle opportunité : l'aider pour le Salon du prêt-à-
porter à la Porte de Versailles. Folle de joie j'acceptais, et il me présenta sa
patronne. J'allais tenir le stand au salon du Prêt-à-porter, en qualité de
commerciale tout en portant les vêtements de la collection, moitié
commerciale, moitié ambassadrice de la marque. J'étais heureuse d'avoir cette
nouvelle expérience dans le milieu de la mode, trop éphémère hélas, mais qui
me déterminait sérieusement à vouloir continuer dans ce domaine. Le
problème est que je ne savais pas réellement comment m'y prendre pour me
trouver un job dans la mode et je finis finalement par déprimer à l'idée de me
replonger dans un poste de secrétariat. Larry de passage à Paris me proposa de
l'accompagner à Milan pour une semaine, où il se rendait pour travailler sur
une série de « romans –photos ». J’allais découvrir l’Italie avec joie, en visitant
Milan et Florence.
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