Page 99 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Il avait probablement prémédité son acte qui ne devait pas être le
premier puisqu’il me mit devant le fait qu’il allait accomplir, et m’emmena dans
un bois obscur et dense qu’il semblait bien connaître. Me sentant piégée, je
tentais le tout pour le tout, afin de lui échapper, en lui proposant un lieu plus
confortable, voire même un hôtel. Ironique, il n’approuva pas cette solution qui
risquait de le trahir, alors il s’endurcit, puis s’arrêta ; sortit du véhicule et me
menaça avec une lourde pierre de la taille d’une dalle avec laquelle il comptait
m’assommer et me tuer si je m’opposais à ses fantasmes. Impressionnée,
traumatisée et paralysée face à son cynisme, il ne me restait plus qu’à subir ce
qu’il attendait de moi, je m’effondrai dans la voiture en m’offrant à lui, telle une
statue de marbre, m’imaginant déjà une issue fatale.
Il n’en fut rien, il semblait satisfait de son acte quand il s’apprêta à faire
demi-tour, m’abandonnant là en plein cœur d’une forêt où le jour commençait à
tomber. J’étais dévastée et pleine de dégoût, mais par instinct de survie, je
tentais un ultime plan machiavélique et lui fis remarquer qu’il pouvait tout au
moins me déposer au bord de l’autoroute afin que je puisse rentrer dans ma
famille. À mon grand étonnement il accepta. Une ambiance malsaine et
ambiguë régnait dans la voiture, alors je le mis à l’aise en lui exprimant mon
souhait de le revoir ultérieurement en lui fixant un rendez-vous dans un café
situé au boulevard Saint-Michel le samedi suivant, mais tout cela faisait partie
du plan que je venais d’imaginer. Il approuva, bien que très méfiant
évidemment. Il me déposa au bord de l’autoroute et, en toute discrétion, je
relevais le numéro de sa plaque minéralogique, afin de me rendre dès mon
retour à Paris, au commissariat de police pour le fournir à la police, identifier
l’individu, puis le faire arrêter le jour prévu du rendez-vous fixé et convenu.
Après ce qui venait de m’arriver, il fallait encore me résigner à rentrer en
auto-stop, mais après tout ce que je venais de subir, que pouvait-il encore
m’arriver.
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