Page 97 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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A cette époque, la belle architecture de la capitale n'était pas aussi
              resplendissante qu'aujourd'hui, les immeubles étaient sombres et noircis par la

              pollution et les années. Les monuments historiques n'étaient pas vraiment mis
              en valeur, je n’y prêtais donc pas grande attention. Le métro me paraissait

              sinistre. C'était encore l'époque des poinçonneurs de tickets, où nous passions
              un à un le tourniquet pour nous rendre sur le quai. Les rames de métro étaient

              identiques à celles que l'on aperçoit dans les films représentant Paris sous
              l'occupation. Elles étaient constituées d’une première et seconde classe. Les

              voitures de seconde classe, peintes en vert, les deux voitures centrales de
              première classe, peintes en rouge. Les sièges étaient tous en bois vernis, et

              l'arrivée de la rame de métro sur le quai faisait un bruit infernal.


                   Le jour de mon arrivée chez mon nouvel employeur me parut encore plus
              sinistre. Les bureaux obscurs étaient entièrement recouverts de boiseries
              sombres, et les employés semblaient tous froids et coincés. Je venais de me

              faire engager chez un notaire, et en attendant de faire mes premiers pas dans la
              haute-couture, je signais mon contrat d’employée comptable, comme par

              hasard, chez "Maître Couturier »", Notaire au boulevard Malesherbes, proche
              des adresses mythiques des grands noms de la Haute-Couture ! Etait-ce un

              signe précurseur ?


                   Mais je n'en étais pas encore arrivée là...






















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