Page 98 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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« BALANCE TON PORC »




                   Je n’imaginais pas un jour ressortir cette histoire que j’avais tenté
              d’enterrer définitivement afin d’avancer dans la vie sans traumatisme. Ce

              cauchemar que je tentais d’éradiquer de ma mémoire,  je n’ai jamais réussi à
              l’exprimer verbalement, mais c’était une époque où il était difficile d’exposer ce

              genre d’acte odieux. Puis, avec la scandaleuse affaire Weinstein, grand
              producteur de cinéma américain, puis les mouvements qui ont suivi cette

              affaire :
                                        « Balance ton Porc » et « Me too »

                                Cette histoire méritait finalement d’être racontée.


                   Je m’étais installée à Paris depuis peu, et il m’arrivait encore le week-end
              de prendre le train pour rentrer chez mes parents à Roubaix.


                   C’était un vendredi en fin d’après-midi, je venais de quitter le bureau de
              Maître Couturier pour me précipiter Gare du Nord et prendre le train que je vis

              s’échapper sous mon nez. Je venais de le rater pour quelques malheureuses
              secondes de retard. Il ne me restait qu’à attendre le prochain, mais il fallait

              patienter quelques heures encore et donc arrivée très tard à Roubaix. Je pris
              donc la décision de me rendre à Porte de la Chapelle pour faire de l’auto-stop

              dont j’étais familière puisque je l’avais fait maintes fois et même traverser la
              France sans hésitation et sans jamais rencontrer de problème.


                   Une voiture 2 CV s’arrêta et l’homme à l’intérieur, me semblait correct

              mais impersonnel. Il me proposa de monter puisqu’il me confirmait sa

              destination identique à la mienne. Une fois dans la voiture, le personnage
              changea d’attitude et il régnait soudainement une ambiance qui me mit très
              mal à l’aise, jusqu’au moment où je le vis prendre une direction pour quitter

              l’autoroute. Furieuse, je lui demandais de s’arrêter, mais en vain, il eut un
              sourire qui en disait long sur la suite à venir, alors je tentais d’ouvrir la portière

              en marche, mais elle restait bloquée.





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