Page 147 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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AVENUE MONTAIGNE






                     Mon arrivée avenue Montaigne chez un grand couturier se fit par
              l'intermédiaire d'un ami. Il était lui aussi dans le milieu du spectacle, grand ami
              de Jean-Marie Rivière de l'Alcazar et Jean-Michel Rouzière, directeur du
              Théâtre du Palais-Royal, où il interprétait parfois la doublure d’un rôle dans
              cette célèbre pièce à succès, "La Cage aux Folles".


                       Il était d’origine yougoslave et s'appelait Branimir Popovic mais Branco
              pour les intimes, il connaissait beaucoup de monde. Je garde un merveilleux
              souvenir de cet ami disparu trop tôt hélas, je le considère comme un élément
              indissociable à mon ascension professionnelle et parcours de jeunesse. Branco
              n'avait pas joui d’une enfance très heureuse en Yougoslavie, à l'époque de Tito,
              il n’avait pas connu son père, et m’avait raconté l’accouchement de sa mère
              dans un jardin public de Belgrade. Je représentais pour lui la petite sœur qu'il
              n'avait pas eue. Il avait ce besoin indispensable de se recomposer une famille
              qu’il n’eut finalement pas le temps d’apprécier dans cette étape de sa vie bien
              trop bien trop brève.


                     Un jour il m'annonça que Guy Laroche recherchait une jeune styliste et
              assistante pour compléter l'équipe de prêt-à-porter nouvellement créée, mais
              l'information était vague.


                     Suite au rendez-vous que j’avais obtenu, j’étais plutôt impressionnée de
              me présenter chez Guy Laroche, au 29 de l’avenue Montaigne. La maison de
              couture se situait juste entre le célèbre Palace « Le Plazza Athénée » et le
              bijoutier Harry Winston. J'avais soigné ma tenue, comme toujours, composée
              d’un paletot de ratine jaune banane de style année 40, déniché aux Puces de
              Londres, porté sur une grande jupe de crêpe marron que j’avais réalisée, un
              chemisier ivoire vintage. Mes cheveux coiffés à la Garbo étaient recouverts d'un
              chapeau de feutre dont le coloris était assorti à la jupe.


                     Mon dossier de dessins de tissus sous le bras, j’arrivais avec une certaine
              appréhension pour ce rendez-vous avec le couturier. J'entrais dans la boutique
              très intimidée. Une charmante et élégante vendeuse m'indiqua le chemin et je
              pris l'ascenseur pour accéder au studio où j'avais rendez-vous.








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