Page 150 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Il m’apparut que je ne m'étais pas trompée, le directeur artistique semblait me
détester et refusait mes créations, en les rejetant, m'expliquant que je n'étais
pas là pour faire du Yves Saint-Laurent ou du Karl Lagerfeld ! Je ne comprenais
pas son attitude et j'étais désemparée parce que je ne copiais absolument pas
les autres couturiers, j’étais tout simplement dans l’ère du temps. La réalité
était différente puisqu’ il adoptait une certaine attitude pour m’étudier, à savoir
si j'allais le suivre ou non. Comme j’avais été engagée sur une simple relation de
Guy Laroche, il s’imaginait que j'arrivais en terrain conquis, ce qui n'était pas le
cas. Mon appréhension disparut rapidement parce qu'il était finalement une
personne très douce et agréable à vivre, cultivée avec beaucoup d’humour. Il
allait devenir mon maître, je l’appréciais énormément et j'allais rapidement
devenir sa collaboratrice indispensable, puisqu’il prit la décision de
m’emmener pour deux jours à Cholet, chez l’entrepreneur qui réalisait la
fabrication du prêt-à-porter Guy Laroche. Il me proposa de le seconder dans ce
job, afin qu’il puisse se retirer la conscience tranquille au moment opportun.
Aujourd’hui encore, je me demande pourquoi je lui ai refusé cette offre
inestimable, pour continuer à œuvrer dans le domaine de la Haute-Couture
uniquement. Mais on ne peut revenir en arrière, les choses sont ainsi faites.
Lorsque j'appris sa disparition quelques années plus tard, je ne pus
m'empêcher de verser quelques larmes et d'envoyer un petit mot à ses proches.
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