Page 154 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
P. 154

LE COLOMBIEN DE ROME







                     Avec ce nouveau job avenue Montaigne, et le nouvel appartement de la

              rue du Bac, mis à disposition par Branco, ma vie prenait une nouvelle direction.

                     La rue du Bac, proche du Boulevard Saint-Germain était assez animée.
              Chaque matin, j’apercevais par la fenêtre, le célèbre philosophe, Raymond Aron,
              en promenade avec son lévrier. J’étais surtout impatiente de rencontrer mon
              futur colocataire dont j’avais beaucoup entendu parler. En vacances à Rome, où

              il résidait, j’attendais son retour imminent à Paris et j’imaginais que nous
              allions partager notre passion pour la mode. Notre rencontre allait cependant
              prendre un autre tournant.

                     Un week-end, alors que je rentrais de shopping, je fus surprise de le
              trouver dans notre appartement commun, mais plus encore de me rendre

              compte, qu’il était ce garçon que j’avais particulièrement remarqué lors d’une
              soirée en discothèque. Sa brève apparition je ne l’avais pas oubliée ! : « Le Dieu
              Inca» comme l’avait surnommé quelques-unes de mes connaissances ! « Le
              Dieu Incas » en question s’appelait Julio, comme Iglesias, et Escobar comme
              Pablo. D’origine colombienne, il résidait à Rome. Il fut tout aussi étonné que
              moi de notre rencontre, puisque la petite valise en osier que je possédais et
              qu’il avait remarquée pendant mon absence, lui laissait imaginer que sa
              colocataire était d’origine asiatique. Nous avions discuté longuement, jusqu’au
              petit matin, par besoin vital de nous découvrir. J’appris bien plus tard que Julio
              avait une attirance pour les garçons, mais il fut pourtant totalement déstabilisé
              par notre amitié naissante qui se transforma en passion et les sentiments
              furent réciproques. C’est ainsi que nous sortions dans différents lieux que nous
              fréquentions, tel un couple mythique des soirées parisiennes. Nous ne passions
              jamais inaperçus et étions devenus complémentaires et très complimentés.


                     Il y avait à cette époque, cette amie Milena, d’origine serbe, que Noucha
              mannequin attitrée chez Guy Laroche, m’avait présentée alors qu’elle cherchait
              un emploi. Je l’avais donc présentée à Per Spook. Elle m’avait invitée chez une
              de ses amies serbes qui travaillait pour la télévision. Nous étions dans le
              quartier des Invalides, et le voisin du dessous n’était autre que Guy Lux, très
              célèbre producteur et animateur de jeux et de divertissements télévisés.



                                                                                                         153
   149   150   151   152   153   154   155   156   157   158   159