Page 157 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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CHEZ GUY LAROCHE






                     A vrai dire c'était une époque dorée. Je n'imaginais même pas la chance
              qui m'avait été offerte avec cette opportunité d'entrer par la grande porte chez
              un couturier parisien, avenue Montaigne ! Avec le temps j'avais fini par trouver
              cela normal, malgré quelques candidats qui se présentaient au studio, bardés
              de diplômes, venant proposer leurs services à M. Laroche, leur annonçant
              n'avoir besoin de personne. Elle était loin derrière moi, l’époque à croupir dans
              un bureau derrière une machine à écrire, comme mon tout premier job, et
              partager mon temps professionnel avec des gens d'une mentalité différente, là
              j’étais totalement dans mon élément.


                     Chaque matin j'arrivais à la boutique Guy Laroche, que je traversais,
              avant de prendre l'ascenseur menant au studio, et au passage je m'aspergeais à
              profusion de parfum, devenu par la suite un rituel quotidien, puisqu'il trônait
              en permanence sur un présentoir ostentatoire. J'adorais ce merveilleux parfum,
              Fidji, qui faisait désormais partie de ma vie. J'en étais totalement imprégnée,
              comme une seconde peau. Je continuais également à arborer en permanence
              dans des tenues plutôt excentriques et en total décalage la mode de cette
              époque, mais de bon goût et plus et ou moins avant-garde, et je les retrouvais
              revisitées la plupart du temps dans les collections en cours.


                     Le fait de travailler chez un couturier stimulait mes neurones et donnait
              libre cours à mon inspiration. J'étais d'ailleurs assez souvent complimentée par
              M. Douvier, le directeur artistique, et je me souviens avoir un jour remis à M.
              Laroche, une de mes tenues que j'avais personnellement réalisée. Il l’avait
              tellement aimée qu'elle se retrouva à l'identique dans une collection, jusqu'à
              la matière employée pour sa réalisation.


                     C'était plutôt flatteur pour moi l'idée d'être appréciée des deux "Guy", ce
              qui était réciproque d'ailleurs, pour leur gentillesse à mon égard.


                     J'étais finalement très à l'aise dans cette maison, et j'avais l'impression
              d'être chez moi et j'en étais aussi inconsciemment devenue la mascotte, aussi
              de nombreuses missions m'étaient confiées, à tel point que je n'imaginais pas le
              déroulement de certaines aventures que j'allais connaître par la suite.










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