Page 161 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LE BOA DE COLLECTION







                     Depuis que j'avais découvert le placard aux "nanars », devenu ma garde-
              robe du soir, je m’y rendais fréquemment en toute discrétion, me disant : "On

              n'est jamais aussi bien servie que par soi-même", ou plutôt par « Guy Laroche »
              exactement.

                     Il est vrai que j'y avais souvent déniché des trésors qui contribuaient en
              quelque sorte à ne jamais passer inaperçue dans toutes ces soirées auxquelles
              j'étais invitée. Toujours complimentée et accompagnée, de Julio, le beau
              ténébreux, ou encore Per Spook, le directeur artistique de Louis Féraud, ou
              celui que je considérais comme un grand frère, Branco, sosie de Julio Iglesias.


                     C’était une de ces soirées mondaine et branchée à laquelle Branco devait
              m'accompagner. J’avais  oublié qu’il connaissait bien M. Laroche, puisque c'est

              lui qui m’avait présentée au couturier.

                     Pour cette fameuse soirée, je n'imaginais absolument pas rencontrer
              quelqu’un de mon entourage professionnel et j'avais minutieusement
              prospecté le placard aux nanars. Je m'étais généreusement servie, puisque je
              paradais dans une sublime robe longue de mousseline de soie bois de rose,
              agrémentée d'un boa en pétale de soie dans un camaïeu de tons assortis à la
              robe. Le boa en question avait été réalisé par le célèbre, grand plumassier et
              fournisseur de toute la haute-couture et spectacles parisiens, Monsieur
              Lemarié. Il faut préciser toutefois que je n'avais pas déniché le boa en question
              dans le fameux « placard aux nanars » mais dans les éléments de la collection
              de haute-couture en cours, où il était strictement interdit d’emprunter quoi que
              ce soit. Or, il m'était impossible de résister à la tentation et je l'avais finalement

              emporté en toute discrétion.


                     De plus, je m’étais chaussée chez Charles Jourdan à moindre frais, les
              bureaux de presse se situaient à deux pas de l'avenue Montaigne, dans la rue
              François 1  exactement, et il y avait toujours de très jolies chaussures, de
                          er
              prototypes à ma taille, à prix défiant toute concurrence !





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