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LA SOIREE DES MINISTRES








                     Une fois de plus un événement important se préparait, ce devait être en
              1975, me semble-t-il, et Branco m’avait proposé de l’accompagner. C’était une
              invitation à la fameuse soirée des ministres qui avait lieu chaque année à
              l’Hôtel de Ville de Paris. Il faudra attendre Jacques Chirac et son élection en
              qualité de Maire de Paris, pour oublier cet événement, mais avant cela, se
              déroulait cette fameuse soirée des Ministres, à laquelle je fus conviée.

                     Pour un tel événement je pensais qu’il n’était pas judicieux de prospecter
              le placard aux Nanars pour me choisir une tenue élégante, d’autant que
              certaines épouses de Ministres s’habillaient chez mon employeur de couturier.
              La meilleure solution était de porter l’une de mes créations.


                     J’avais remarqué depuis plusieurs mois, une magnifique étoffe en
              mousseline de soie beige, filetée d’or, qui trainait négligemment dans le studio.
              Je posais la question à plusieurs personnes qui auraient pu m’en fournir la
              source, mais en vain. Finalement il me fut accordé l’autorisation d’emporter
              cette magnifique étoffe pour me réaliser une robe du soir. Avec ma peau
              blanche je pensais qu’il serait préférable de porter un ton plus coloré que le
              beige de l’étoffe, fileté d’or. J’hésitais et achetais finalement une teinture d’un
              coloris vert émeraude. Je tentais le tout pour le tout et trempais la belle étoffe
              dans une grande marmite où j’avais déposée la teinture. J’appréhendais de voir
              le résultat qui finalement me surprit agréablement. La teinture était totalement
              réussie et le filetage d’or était resté intact. Je me réalisais une robe du soir

              sobre dans ce magnifique tissu revisité, et j’y ajoutais un très joli turban assorti
              avec le reste de l’étoffe. Je ne m’attendais pas à un tel résultat et je me
              réjouissais de l’effet obtenu.

                     J’arrivais dans cette soirée, accompagnée de Branco vêtu d’un smoking
              avec beaucoup d’élégance. J’admirais cette sublime salle des fêtes de l’Hôtel de
              Ville avec ses magnifiques lustres en baccarat, parmi les ministres et leurs
              épouses, tous affairés autour du somptueux buffet. Je me sentais un peu perdue
              et je n’avais pas prêté attention au fait que nous étions plutôt très remarqués.










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