Page 163 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LA SOIREE DES MINISTRES
Une fois de plus un événement important se préparait, ce devait être en
1975, me semble-t-il, et Branco m’avait proposé de l’accompagner. C’était une
invitation à la fameuse soirée des ministres qui avait lieu chaque année à
l’Hôtel de Ville de Paris. Il faudra attendre Jacques Chirac et son élection en
qualité de Maire de Paris, pour oublier cet événement, mais avant cela, se
déroulait cette fameuse soirée des Ministres, à laquelle je fus conviée.
Pour un tel événement je pensais qu’il n’était pas judicieux de prospecter
le placard aux Nanars pour me choisir une tenue élégante, d’autant que
certaines épouses de Ministres s’habillaient chez mon employeur de couturier.
La meilleure solution était de porter l’une de mes créations.
J’avais remarqué depuis plusieurs mois, une magnifique étoffe en
mousseline de soie beige, filetée d’or, qui trainait négligemment dans le studio.
Je posais la question à plusieurs personnes qui auraient pu m’en fournir la
source, mais en vain. Finalement il me fut accordé l’autorisation d’emporter
cette magnifique étoffe pour me réaliser une robe du soir. Avec ma peau
blanche je pensais qu’il serait préférable de porter un ton plus coloré que le
beige de l’étoffe, fileté d’or. J’hésitais et achetais finalement une teinture d’un
coloris vert émeraude. Je tentais le tout pour le tout et trempais la belle étoffe
dans une grande marmite où j’avais déposée la teinture. J’appréhendais de voir
le résultat qui finalement me surprit agréablement. La teinture était totalement
réussie et le filetage d’or était resté intact. Je me réalisais une robe du soir
sobre dans ce magnifique tissu revisité, et j’y ajoutais un très joli turban assorti
avec le reste de l’étoffe. Je ne m’attendais pas à un tel résultat et je me
réjouissais de l’effet obtenu.
J’arrivais dans cette soirée, accompagnée de Branco vêtu d’un smoking
avec beaucoup d’élégance. J’admirais cette sublime salle des fêtes de l’Hôtel de
Ville avec ses magnifiques lustres en baccarat, parmi les ministres et leurs
épouses, tous affairés autour du somptueux buffet. Je me sentais un peu perdue
et je n’avais pas prêté attention au fait que nous étions plutôt très remarqués.
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