Page 167 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LA CONVOITISE EST UN VILAIN DÉFAUT







                     Avec ce job partagé entre M. Laroche pour la haute-couture et le
              directeur artistique M. DOUVIER, pour le prêt-à-porter, sans oublier la
              réalisation de dessins de tissus exclusifs pour cette nouvelle ligne, et les
              différentes licences, il est évident que je me sentais un peu comme chez moi
              dans cette maison où j'avais l'impression que les portes m'étaient grandes
              ouvertes. Alors, quoi de plus naturel que de se comporter comme chez soi !

                     C'était une collection haute-couture particulièrement réussie qui avait vu

              le jour. Il y avait une robe parmi tant de merveilles qui avait attirée mon
              attention. Je me voyais déjà la porter. Elle était réalisée dans une triple
              épaisseur de mousseline de satin de soie, doublé de la même matière, avec un
              décolleté en cache-cœur et agrémentée d'un volant jusqu'au bas de la robe,
              dans un lumineux coloris, violet cardinal. C’était une divine robe de sirène !

                     J'étais ce soir-là, invitée à une première au théâtre, interprétée par Jean
              Piat et Maria Pacôme. Une fois de plus, j’étais accompagnée de mon élégant
              partenaire, Branco qui m'avait gentiment proposé cette idée de sortie. Je
              désirais assumer cette soirée avec classe et élégance, et la pensée d'emprunter
              cette magnifique robe dans la collection en cours m’obsédait. L'idée était
              totalement utopique, il n'était même pas question d'y songer. Il valait mieux se
              rabattre sur le placard aux nanars, devenu ma seconde garde-robe et qui
              soudainement me parut trop fade.

                     Finalement je ne résistais plus à l'idée de l’emprunter, ce que je fis, y
              ajoutant une cape de crêpe de laine assortie au ton de la robe, et dénichée dans

              le placard aux nanars. J'eus malgré tout bonne conscience d’avertir l'attaché de
              presse avec lequel j'entretenais une relation complice, ce qui me soulagea de
              cet emprunt malhonnête et interdit.


                     C'est ainsi que je me rendis au théâtre, dans cette merveilleuse tenue,
              devant de nombreux regards admiratifs, et je me régalais de cette prestation
              avec des comédiens tels que Jean Piat et Maria Pacôme.








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