Page 165 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LE DEFILÉ UNGARO









                        J’avais depuis peu retrouvé Jean-Pierre, cet ami de la rue Blanche qui
              travaillait maintenant chez Emmanuel Ungaro en qualité de directeur pour la
              ligne masculine. La maison de couture se situait également avenue Montaigne,
              juste en face du Théatre des Champs Elysées, sur le trottoir en face de chez Guy
              Laroche.


                         Pour nos retrouvailles, il avait eu la gentillesse de me proposer une
              invitation au dernier défilé de Haute-Couture, qui avait lieu dans la maison
              même. Afin de faire honneur à cette invitation, et connaissant les journalistes et
              autres invités, je m’apprêtais dans un style totalement tendance, et j’arrivais
              accompagnée du très élégant Julio.

                        Nous nous étions trouvé une place de choix parmi les invités avant le
              début du défilé. Quelques mannequins avaient fait leur entrée, lorsque la
              directrice de la Maison Ungaro se dirigea vers nous discrètement et nous
              demanda de quitter les lieux immédiatement, en me posant la question à savoir
              ce que je faisais chez Emmanuel Ungaro. Je lui répondis avec assurance que

              j’étais invitée et faisais mon travail de journaliste de mode. Elle eut un sourire
              ironique, m’annonçant que chaque jour elle me voyait passer avenue
              Montaigne et rentrer chez mon employeur de couturier. Évidemment je ne fis
              aucune allusion à l’invitation de Jean-Pierre, afin qu’il ne soit pas pénalisé.

                        J’étais totalement honteuse et confuse, à l’idée qu’elle puisse s’imaginer
              que nous étions là dans le but d’espionner les modèles de la nouvelle collection,
              ce qui n’était pas le cas, puisque qu’il s’agissait d’une invitation amicale.


                        J’évitais désormais le trottoir d’en face, et je ne remis plus jamais les pieds
              chez Emmanuel Ungaro, sinon que bien des années plus tard, après avoir quitté
              l’Avenue Montaigne.










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