Page 168 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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La première partie de la pièce s'acheva avec succès. À ce moment là je me
levais comme toute la salle, pour applaudir ce succès, avant d'aller me
désaltérer d'une coupe de champagne en charmante compagnie. Soudain, j'eus
une sensation désagréable et douteuse, je n'osais pas trop y croire, mais le pire
venait d'arriver, à la sublime robe prévue pour un défilé le lendemain ! C’était
une véritable catastrophe de me retrouver, ou plutôt pour la robe, devant un
incident technique féminin inattendu, une véritable poisse ! Toute confuse et
paniquée, j'en informais à voix basse, mon acolyte qui alla récupérer la cape dans
laquelle je m'enroulais pour camoufler cette horrible indiscrétion, avant de m'enfouir
sur le siège arrière du taxi qui m'était destiné, prenant soin de ne pas m’asseoir mais
de rester sur les genoux durant tout le trajet, pour ne pas amplifier cette catastrophe.
Je rentrais chez moi, me précipitant vers la salle de bains afin de réparer ce fâcheux
incident au plus vite, et fis couler l'eau froide à profusion dans la baignoire, tout en
priant le ciel pour que cette merveille de robe ne soit pas trop endommagée. Puis je
la suspendis sur un cintre, afin qu'elle sèche rapidement sans trop se froisser, et je
me promis de l'emmener le lendemain à la première heure chez Pouyanne, maître
teinturier de toute la haute-couture …Mais je n'en étais pas encore là, et j'avais
promis à mon compagnon resté au théâtre pour le second acte, de le rejoindre au
plus vite, afin de terminer cette soirée en beauté …
J’avais raté la seconde partie de la pièce de théâtre, aussi je m’empressais de
revêtir une robe de dentelle noire pour retrouver mon ami Branco « Chez Julien »
notre restaurant du moment, où il m’attendait comme convenu, j’arrivais digne et
souriante comme si tout était parfait dans le meilleur des mondes. Cette seconde
partie de soirée se déroula agréablement, et j’évitais de penser aux conséquences
inévitables de la robe empruntée malhonnêtement, qui séchait dans la salle de bains.
Le lendemain, à la première heure, je me précipitais chez Pouyanne, le
maître-teinturier, avec la robe séchée, non tâchée, mais légèrement froissée. Je
lui expliquais la mésaventure et il fit le nécessaire pour sauver la situation, sauf
que la robe ne pouvait être disponible à temps pour le défilé prévu dans l’après-
midi.
J’arrivais donc chez Guy Laroche, en partie soulagée, oubliant pour une fois
de me parfumer de ce merveilleux parfum, Fidji, et il me restait à expliquer à
Jean-Paul l’attaché de presse, l’incident que j’avais involontairement causé, avec
pour conséquence, l’absence de la robe pour le défilé prévu dans l’après-midi.
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