Page 172 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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C’était un shopping intéressant, dont je me régalais. Je l’appréciais, du fait
              que mes choix découlaient de mes goûts et inspirations du moment. Mais ce qui
              me rassurait, c’est que finalement à chacune de mes trouvailles je comblais le
              directeur artistique, satisfait de mes recherches toujours concluantes, et dans

              ce domaine, j’étais devenue la spécialiste pour dénicher l’impossible.

                   C’est ainsi que prit naissance l’histoire des spartiates d’or et d’argent, pour
              l’un de ces fameux défilés de prêt-à-porter.

                   C’était une période d’effervescence dans la maison de couture. Les dates
              de défilés approchaient. J’étais en pleine mission de recherche d’accessoires, et
              plus particulièrement de chaussures. Il s’agissait d’une collection printemps-
              été, et nous étions en plein hiver. Il m’était donc pratiquement impossible de
              trouver les chaussures souhaitées pour cette collection à venir. L’idéal aurait
              été de dénicher des sandales ou spartiates, alors que toutes les vitrines
              exposaient des bottes et cuissardes ! Je nageais en pleine utopie d’une mission
              impossible ! C’était une période où tout le monde vivait encore au rythme des
              saisons, sauf les défilés de mode qui exigeaient l’inverse. J’avais beau arpenter
              les magasins de chaussures, grandes marques de qualité ou bas de gamme, je
              m’arrachais les cheveux devant un tel obstacle que représentaient toutes ces
              chaussures hivernales.

                    J’étais démoralisée, sur le point de capituler et rentrer bredouille, lorsque
              je passais en fin de journée dans la rue du Colisée. C’est là que le miracle se
              produisit. Cette rue située à côté des Champs-Elysées, où je passais
              fréquemment, pour me rendre avenue Montaigne, mais pourquoi  n’y avais-je

              pas pensé plus tôt ? J’étais là, n’y croyant plus, émerveillée devant la vieille
              vitrine poussiéreuse, d’un cordonnier qui vendait quelques articles classiques,
              mais ne présentait aucun modèle de saison, et je pensais que peut-être je
              trouverais mon bonheur, en ultime tentative de mes recherches infructueuses.

                   Mon désespoir fit place à une persévérance récompensée. Je venais de
              dénicher un vieux stock invendu de spartiates et autres sandales en cuir de
              couleur brune et poussiéreuses. Je vérifiais les pointures allant du 37 au 41, et
              je décidais, sous l’air étonné et satisfait du commerçant, d’acheter le stock
              entier, paiement en espèces, sans hésitation aucune. Il venait de faire une
              bonne affaire, et moi également, emportant plus d’une vingtaine de paires de
              sandales à moindre frais.





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