Page 171 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LES SPARTIATES D’OR ET D’ARGENT
Le fait d’évoluer dans un tel univers professionnel, laisserait supposer que
je menais une vie idéale ! Et je continuais de m’asperger de ce sublime parfum
Fidji qui trônait en permanence sur le présentoir de la boutique. De plus, si je
reflétais l’apparence d’une personne plutôt farfelue, peu professionnelle, il n’en
était rien. En réalité j’étais devenue l’élément indispensable des collections de
prêt-à-porter, en qualité d’accessoiriste attitrée de la maison, quand je n’étais
pas le mannequin pour les nouveaux chapeaux. M. Laroche ne cessait de me
répéter que j’avais une « tête à chapeau ».
C’était un vrai régal de pouvoir superviser chaque répétition de défilé de
prêt-à-porter, assise à côté du directeur artistique, M. Douvier, et face au
podium occupé par les mannequins qui présentaient chaque modèle de la
nouvelle collection. C’est là que commençait ma mission. Je notais sur un grand
cahier, au passage de chaque modèle, tout ce qui me semblait à revoir ou à
modifier. Très souvent M. Douvier demandait mon avis, j’en étais flattée, sans
avoir la grosse tête. J’avais bien compris que pour évoluer dans ce domaine de
la création, il était indispensable d’y apporter du « sang neuf », ce que je
représentais évidemment. Aussi, très souvent je donnais des conseils pour
accessoiriser les modèles.
Cette période de diffusion du prêt-à-porter en était à ses prémices chez les
grands couturiers. Il n’y avait donc aucune structure de création organisée pour
accessoiriser les modèles de collections. J’aimais donc particulièrement ce rôle
qui m’était attribué aux veilles de collection. Aussi, après avoir supervisé
chaque modèle, je prenais note de ce qu’il fallait dénicher comme accessoires,
pour valoriser les modèles. Cela allait du chapeau, sans oublier les gants, sacs,
bijoux, ceintures etc… Je me rendais par la suite au bureau de la comptable, où
sous ses airs bougons, me faisait mine de devoir sortir à contrecœur cette
énorme liasse de billets de banque, comme si je lui arrachais son portefeuille.
J’arpentais ensuite les quartiers des grands magasins, mais également les
petites boutiques anodines où parfois je dénichais des trésors….
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