Page 155 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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J’arrivai en compagnie de Julio et Branco, serbe lui aussi. Je fis la
              connaissance d’Irina Ionesco la photographe et mère d’Eva Ionesco, connue
              pour son livre autobiographique et réalisatrice de cinéma. Celle-ci s’empressa
              de me proposer de poser pour quelques séances photos, que Julio me

              déconseilla vivement, et pour cause, ses photos étaient plutôt du genre
              sulfureux. II y avait également ce charmant jeune homme, Alain Chamfort,
              chanteur pas encore très connu, qui se débattait et tentait avec insistance de
              me proposer une invitation à dîner, mais Julio lui fit barrage, puisque je faisais
              partie de sa « chasse gardée », j’étais inconsciemment devenue sa propriété.

                      J’en oubliais qu’il était latin avant tout.


                     C’est pourtant après cette année d’études à Paris, que Julio allait rentrer à
              Rome, et je tenais à ce job chez Guy Laroche. Cette passion risquait de devenir
              toxique, à tel point que par la suite, nous l’avions transformée en une belle
              amitié indéfectible qui durera plusieurs années, jusqu’à nous perdre de vue
              définitivement en 2014. Ma déception fut grande alors, je ne le retrouvais plus
              à Rome où il avait une boutique dans le centre ville. C’est là que j’appris par un
              commerçant voisin qu’il avait définitivement quitté Rome quelques mois
              auparavant pour se rendre à l’étranger. Je m’en voulais de mes longs silences à
              son égard qui s’espaçaient de plus en plus depuis quelques années, malgré nos
              retrouvailles irrégulières. Il avait probablement décidé de rentrer chez lui en
              Colombie. C’est avec la rencontre de Julio que j’ai découvert Rome, et m’y suis
              très souvent rendue, à tel point que  j’hésitais, soit m’y installer définitivement
              soit rester à Paris. Notre séparation rendait cette amitié de plus en plus
              indispensable, le temps de patienter quelques mois, afin de nous retrouver
              assez régulièrement.


                     Cependant, la distance et l’absence nous permettait de nous concentrer
              totalement sur notre vie professionnelle, moi à Paris, lui à Rome, d’autant plus
              que M. Douvier, directeur artistique de M. Laroche, fasciné par la personnalité
              de Julio qu’il avait souhaité rencontré, lui avait proposé un job chez un
              couturier italien, Tiziani qui cherchait un créateur pour la réalisation de ses
              modèles haute-couture, et pour lequel il réalisa quelques collections.













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