Page 18 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LA VIE N’EST PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE






                      Dans cette courée, contrairement à mon frère, mon univers de petite fille
              se déroulait de façon lisse et ordinaire, d’autant plus que j’étais extrêmement

              timide, peu réactive et dotée d’un caractère totalement introverti.

                      Vers  l’âge  de  3  ans,  j’avais  subi  l’ablation  des  amygdales,  et  pour  me

              consoler, maman m’avait offert une jolie poupée blonde bouclée, aux yeux bleus,

              prénommée  Chantal.  Elle  était  magnifique  Chantal,  rembourrée  de  kapok  et
              recouverte d’une peau si fine, semblable au latex, qu’elle en était proche de la
              réalité. Maman m’avait sortie dans la cour, afin que je prenne un peu d’air et de

              soleil,  tout  en  promenant  ma  poupée  Chantal  dans  les  bras.  Hélas  mon  état
              statique permanent, se solda par un réel désagrément. La peau du visage de la

              jolie poupée avait brûlé et fondu au soleil, et déjà elle portait des marques de
              façon  irréversible.  Quelle  ne  fut  pas  la  déception  de  maman,  et  moi  qui  ne

              comprenait pas et ne réagissait toujours pas plus pour autant.


                      Mon  existence  lisse  aurait  donc  pu  se  dérouler  tel  un  long  fleuve
              tranquille,  sans  la  présence  de  mon  frère  spécialiste  en  bêtises  et  autres

              calamités de tous genres. Je me souviens de fréquentes doléances des voisins
              envers  mes  parents  qui,  à  mon humble  avis,  devaient  s’arracher les  cheveux

              devant l’énoncé de catastrophes causées par leur fils.


                      Mon frère, né avec une malformation physique faciale,  une fente
              palatine, communément appelé « bec de lièvre », avait subi plusieurs

              interventions chirurgicales, ce qui contribuait de la part de maman à le
              surprotéger, et s’arrangeait toujours pour lui donner raison, quoiqu’il ait

              commis. C’est ainsi que je garde en mémoire quelques anecdotes qui m’ont
              marquée, dont je fus le témoin direct, concernant les voisins et moi-même.







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