Page 79 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Le responsable du service semblait antipathique et totalement
misogyne. Je l’imaginais tel un membre de la gestapo de par son comportement.
Je me demandais s'il n'avait pas été recruté tout spécialement pour ce pool
dactylographique composé uniquement d’éléments féminins. Lorsqu'il
m'expliqua en quoi consistait le job, je fus encore plus surprise ! Les
photocopieuses étaient pratiquement inexistantes à l’époque et il fallait donc
taper le même courrier, destiné à la clientèle, et l’effectuer à raison d'un
minimum de quarante lettres par jour, sans aucune faute de frappe, intéressant
comme programme ! Nous avions heureusement le fameux correcteur
« Tippex » se présentant sous forme de ticket, distribué avec parcimonie, qui
nous sauvait la vie, à condition de ne pas trop en abuser. Je trouvais ce job
obtenue par relation, tellement stupide pour ce démarrage dans la vie active.
Cela ne faisait pas un mois que je me retrouvais dans ce hall de travail, et
arriva le jour, où je levais discrètement le nez pour esquisser un sourire à ma
voisine en tentant pour la première fois de lui adresser la parole, l’affreux
misogyne « de la gestapo » arriva alors vers moi, comme la foudre et se défoula
à grands coups de pied administrés dans mon bureau. Je restais imperturbable
quelques secondes devant les agissements imprévisibles de cet homme
désagréable qui avait le besoin de déverser sa colère misogyne sur l’une d’entre
nous toutes. Furieuse, je finis par me lever et quitter les lieux en prenant soin
de claquer violemment et volontairement la porte derrière moi !
Inutile de préciser que je ne remis plus jamais les pieds à la Lainière de
Roubaix, après avoir héroïquement résisté moins d'un mois, dans ce pool
dactylographique, alors que j’avais une telle soif d’indépendance. Je n’étais pas
faite pour cette discipline et je venais de perdre mon premier job pour ma plus
grande joie....
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