Page 77 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LA VIRTUOSE DU CLAVIER
Malgré l'abandon définitif des études secondaires, que je ne considérais
pas comme un échec scolaire, je n'allais finalement pas rester inactive très
longtemps malgré le différent m'opposant à mes parents.
En effet ils étaient peut-être très terre à terre, mais se souciaient malgré
tout de mon avenir. C'est ainsi qu'ils décidèrent de m'inscrire aux Cours Pigier,
très réputés à l’époque, afin d'y apprendre la sténographie, la dactylographie et
la comptabilité que j'avais pourtant en horreur.
C'était une époque où toutes les filles rêvaient de ce job de sténo-dactylo
sans grand intérêt pour moi. Je suivis donc avec assiduité ces cours onéreux,
qui étaient probablement un sacrifice financier pour mes parents, et je
découvrais malgré tout, avec beaucoup de curiosité, la sténographie que
finalement j'utilisais un peu au tout début de mon parcours professionnel, mais
qui m'a été d'une grande utilité, bien plus tard, pour comprendre la structure et
le principe syllabique plus ou moins similaire de la langue arabe que j’étudiais
quelques décennies plus tard. Quant à la dactylographie, mes doigts ont fait
leur premier entrainement sur une vieille machine mécanique, la fameuse
« Underwood », et je tapais si rapidement que toutes les tiges métalliques des
touches s'entremêlaient, jusqu'au jour où on décida de me faire passer à la
vitesse supérieure qui se résumait par une nouvelle machine électrique IBM, où
les lettres, chiffres et autres signes de ponctuation figuraient sur une petite
sphère qui se déplaçait rapidement en tournant sur elle-même. Magique ! C’en
était fini des tiges de métal bruyantes qui s'entremêlaient, ce qui permettait
une meilleure performance dans la rapidité.
Je ne savais pas encore que j'allais devenir, malgré moi, une virtuose du
clavier faute de devenir virtuose du pinceau, par cet entrainement théorique
que j'allais mettre en pratique par la suite et qui me servirait toute ma vie, j’en
garde une grande reconnaissance envers mes parents qui s’étaient souciés de
ma situation future.
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